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25 février 2025

Jason Joly - jjoly@medialo.ca

Une éclosion qui encourage les éleveurs lanaudois à redoubler de prudence

Grippe aviaire

Poulailler

©Adobe Stock

L’Équipe québécoise de contrôle des maladies avicoles observe un nombre croissant d’éleveurs qui assistent aux formations sur les mesures de prévention.

Alors qu’une éclosion d’influenza aviaire a été rapportée à Saint-Jean-de-Matha et ses environs, un protocole de sécurité est en place pour contenir la maladie et éviter une propagation à plus grande échelle. Pour y voir plus clair à propos des mesures que doivent suivre les éleveurs de volailles dans une telle situation, le Journal s’est entretenu avec Martin Pelletier, directeur général de l’Équipe québécoise de contrôle des maladies avicoles (EQCMA).

Le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) rapporte qu’un cas de grippe aviaire « a été confirmé par l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) dans une ferme de volaille commerciale, située au sein de la MRC de Matawinie, le 30 janvier 2025 ». Le Ministère assure que « les oiseaux ont été abattus de façon humanitaire et sont éliminés pour éviter le risque de dissémination de la maladie. » Des efforts sont également déployés pour retracer les élevages qui auraient pu avoir un lien avec celui contaminé et ainsi appliquer les mesures de prévention, de surveillance et de contrôle dans le but de limiter la propagation du virus.

La situation est donc surveillée de près, mais les producteurs doivent rester vigilants et suivre quotidiennement des habitudes pour éviter la contamination.

La nécessité d’agir rapidement

Comme le rapporte Martin Pelletier, l’influenza aviaire est revenue en force en 2022 alors qu’une nouvelle souche a été découverte à Terre-Neuve. Le virus s’est ensuite propagé à grande échelle, contaminant même d’autres espèces animales. En de rares occasions, l’humain peut lui aussi en être touché. « Nous nous questionnons présentement à savoir s’il y a des oiseaux qui restent avec nous à l’année et qui pourraient encore être porteurs », explique M. Pelletier.

Mais comment cette maladie se transmet-elle? Les oiseaux sauvages sont les principaux porteurs du virus, surtout les palmipèdes comme les canards, les oies ou les bernaches. Le H5N1 se propage par les fientes ou les sécrétions des animaux hôtes de la maladie. Le directeur général de l’EQCMA indique que, dans plusieurs cas, ceux-ci « peuvent être porteurs, mais pas nécessairement malades ».

Les symptômes que présentent les oiseaux s’apparentent à une baisse importante d’énergie, à de la diarrhée, à un gonflement de la peau sous les yeux, des caroncules et des crêtes, ainsi qu’à des problèmes neurologiques ou encore à la mort. La production d'œufs peut aussi être impactée, ceux-ci pouvant avoir une coquille molle ou n’en avoir tout simplement pas.

S’ils suspectent une contagion, les producteurs doivent déclarer la situation à l’ACIA. Cette dernière enverra alors une équipe de vétérinaires sur le terrain pour prendre des échantillons, qui seront ensuite transférés aux laboratoires de la MAPAQ. Si les tests s’avèrent positifs, un protocole de sécurité sera mis en place. Ainsi, les éleveurs doivent procéder au dépeuplement des oiseaux et à l’élimination des individus décédés. Puis, une vaste opération de désinfection des bâtiments et des équipements suivra. « La production ne pourra pas être redémarrée tant que les mesures n’auront pas été complétées selon les exigences de l’ACIA », mentionne Martin Pelletier. En plus d’être accompagnés par l’agence tout au long du processus, les éleveurs seront dédommagés pour la perte de leurs bêtes. « Il y a quand même une indemnisation financière qui est accordée pour la valeur des oiseaux qui auront été euthanasiés et pour couvrir les frais d’élimination des carcasses », rassure le directeur général. Il ajoute que certains d’entre eux ont également un régime d’assurance pour les aider à payer les frais de nettoyage et de désinfection.

Concernant la situation à Saint-Jean-de-Matha, M. Pelletier rapporte que l’opération en est encore à l’élimination du fumier avant de procéder à la désinfection : « Tant que cela se fait, tous les mouvements dans la zone nécessitent des permis ». Il prédit que ces démarches dureront encore un mois et demi. « Ce pourrait être deux. Cela dépend de la grosseur du site et de la complexité des opérations ». Le directeur avoue qu’il ne sait pas précisément le nombre de volailles qui ont été touchées par l’influenza aviaire sur le territoire, mais il révèle que les cas se comptent par milliers.

« Les précautions les plus importantes se passent souvent à l’entrée des bâtiments. »                          - Martin Pelletier, directeur général de l’EQCMA

Des producteurs plus sensibilisés

Il est possible pour les éleveurs de volailles de suivre des pratiques quotidiennes pour prévenir les cas de grippe aviaire. « Si des personnes ou des équipements doivent entrer dans les bâtiments, il doit y avoir une barrière physique entre l’extérieur et l’intérieur », suggère Martin Pelletier.

Les visiteurs doivent donc procéder à l’échange ou au nettoyage de leurs habits, surtout leurs bottes, avant de pénétrer dans les établissements. Les véhicules, comme les tracteurs à fumier, sont propices à la contamination, d’où l’importance de les laver en profondeur. « Si un changement de bottes n’est pas fait adéquatement, ou encore si de l’équipement qui a touché au sol extérieur, donc possiblement à des fientes, a été entré, ça peut servir d’ouverture au virus. »

D’autres mesures existent et sont recommandées pour garder les oiseaux sauvages à distance. « Il faut s’assurer qu’il n’y a rien d’attractif autour des bâtiments. Par exemple, lors de la livraison de moulée, les éleveurs doivent ramasser le plus possible les grains qui auraient pu tomber autour du silo », rappelle le directeur général de l’EQCMA. Martin Pelletier recommande aussi de laisser un espace entre la ferme et les champs de culture si cela est possible.

Pour prévenir les cas d’éclosion, les producteurs prennent davantage leurs responsabilités et suivent de plus en plus de formations pour connaitre les pratiques à respecter. En effet, l’EQCMA constate un changement au niveau des comportements des éleveurs. « Selon les échos que j’ai eus, beaucoup ont changé certaines habitudes pour mieux se protéger », a terminé M. Pelletier.

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