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Retour18 février 2025
Mélissa Blouin - mblouin@medialo.ca
Le projet Habitations St-Paul est présenté aux citoyens
Un investissement d’environ 100M$
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©Photo gracieuseté
Les citoyens étaient invités, le 10 février dernier, à se prononcer sur un important développement qui pourrait voir le jour à Saint-Paul. Ce projet englobe la construction de deux bâtiments de sept étages, comptant 143 logements chacun, et représente un investissement total d’environ 100 millions de dollars. Au cours de cette consultation publique, la population a pu émettre ses questions et ses commentaires face à ce développement qui serait situé à l’intersection des routes 158 et 343.
«Cela faisait environ huit ans que nous étions propriétaires du site et nous avons essayé à maintes reprises d’y amener une épicerie, mais sans succès. À partir de là, nous avons fait une étude de marché pour du multilogement et le résultat démontrait que la demande était forte et avérée pour le secteur », ont expliqué les promoteurs Michel Dulude et Michael Douglas Kelley.
Ces logements, qui varieront de 3 ½ à 5 ½, seront ouverts à tous, mais le projet est orienté vers les besoins et les attentes d’une clientèle de 55 ans et plus. En vertu des standards de la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL), 10% de l’ensemble des unités seront abordables. Pour le stationnement, une centaine de cases extérieures seront prévues ainsi que 309 intérieures.
Accessible par la 343 et situé à proximité du restaurant Coco Frutti, le projet sera bordé d’un cours d’eau à l’arrière avec une bande de protection riveraine. La conservation des milieux naturels, la verdure et les plantations jouent d’ailleurs un rôle important au cœur du développement. Ce dernier contiendra des réseaux, autant cyclables que piétonniers, qui longeront ces secteurs naturels.
L’extérieur sera aménagé en trois importants espaces: un premier dédié à l’agriculture urbaine avec des potagers, un second composé d’aires de jeux avec des modules en bois et un troisième avec une zone de pique-nique, de relaxation et de rassemblement.
« Des études ont récemment démontré qu’il y a environ 1% de logements vacants dans la MRC de Joliette. Ce sera donc une opportunité pour Saint-Paul d’atténuer cette problématique », a commenté le maire suppléant, Marc Pelletier.
Le projet, sous forme de PPCMOI*, a été soumis aux exigences du conseil municipal, puis aux recommandations du comité consultatif d’urbanisme. Différents enjeux ont été ciblés et des études de circulation, d’insonorisation et de gestion des eaux pluviales ont notamment été demandées. La première résolution du projet a pu être adoptée avec ces conditions. Puis, l’étape suivante était la consultation publique.
Des inquiétudes concernant la 158
Lors de celle-ci, les résultats des différentes études ont été révélés aux nombreux citoyens présents afin de répondre à leurs inquiétudes, la principale étant le débit de circulation à l’intersection des routes 158 et 343.
« Les études de circulation émettent la conclusion qu’après la réalisation de la première phase [143 unités], il y aura, au moment de pointe, une voiture de plus par cycle de feu de circulation. Après la deuxième phase, ce sera deux voitures de plus par cycle », a expliqué Sarah Boucher, directrice urbanisme au Groupe Marchand Architecture & Design Inc (GMAD).
Les promoteurs ont ajouté que le projet est donc viable avant même les réaménagements de la route 158 visés par le ministère des Transports et de la Mobilité durable (MTMD). Malgré tout, les citoyens n’étaient pas rassurés et certains ont mentionné qu’il serait préférable d’attendre les modifications de la route 158 plutôt que d’empirer une situation déjà préoccupante.
« Il faudrait régler le problème d’abord et développer ensuite, car rien ne garantit que les travaux seront faits bientôt. Cela fait des années que le Ministère parle de réaménager la 158 et que rien ne se passe. Votre projet est génial, c’est super beau, mais cela va amener plus de gens et il faut prévoir », a mentionné Sophie.
De son côté, Andréanne Arnault a ajouté qu’il y a un enjeu de sécurité, « les voitures qui tentent de sortir du stationnement du Tim Hortons [voisin du projet] doivent couper les autres véhicules et cela devient dangereux! » Le conseil municipal a cependant réitéré qu’il n’a aucun contrôle sur les délais du MTMD.
En raison de sa proximité avec la 158, le développement a aussi été soumis à des études acoustiques. D’autant plus qu’un chemin de fer, emprunté par une moyenne de deux trains par jour, longe le site du projet. « Les résultats démontrent que le niveau sonore actuel satisfait les normes, mais il y aura des mesures prévues pour s’assurer du bien-être des locataires. On prévoit des talus densément plantés pour effectuer une barrière et les bâtiments seront construits avec des fenêtres plus épaisses », a précisé Mme Boucher.
Gestion des eaux pluviales
La seconde grande inquiétude des citoyens était la gestion des eaux pluviales, puisque des Paulois ont récemment vécu des inondations. « Les études sont claires, le développement ne va pas générer plus d’eau dans le réseau », a assuré Mme Boucher.
Le projet sera doté de plusieurs zones perméables et d’un bassin de rétention d’environ 350 mètres cubes. « Nous nous sommes assurés d’une gestion autonome du site. Nous serons capables, grâce à des régulateurs de débit, de garder l’eau en période de pluie et de la déverser tranquillement plus tard », a expliqué le directeur en infrastructures et ingénieur chez Gbi, David Beauséjour.
Alain Serge Marchand, président au sein de GMAD, a ajouté que l’avantage d’un projet d’une telle ampleur, est qu’il « permet de contrôler les enjeux d’eau avec des installations comme des bassins de rétention. Ce que plusieurs petits projets parsemés ne pourraient pas se permettre financièrement. »
Le conseil municipal a aussi évoqué que de multiples mesures ont été entamées pour atténuer les aléas de la météo sur le territoire, comme la modélisation du ruisseau St-Pierre et la conception d’un bassin de rétention à l’intérieur des quartiers urbains.
De nouveau, les citoyens ne se sentaient pas complètement rassurés et ont réitéré leur demande de patienter. « Peut-être que pour plus tard, ce serait un projet génial, mais tant que nous ne verrons pas les améliorations du côté de la gestion des eaux pluviales, nous serons réticents à de nouvelles constructions. »
D’autres craintes
Des citoyens avaient aussi des appréhensions par rapport aux réseaux d’aqueduc et d’égouts, mais les études du projet ont démontré que ceux-ci pouvaient accueillir sans problème la première et la deuxième phase du développement.
Des agriculteurs du chemin St-Jean, qui se trouvent juste de l’autre côté du ruisseau St-Pierre, étaient quant à eux inquiets de voir des installations urbaines se rapprocher de la zone agricole. « Au cours des dernières années, des gens ont fait des demandes pour de très beaux projets agricoles avec des animaux et ils ont tous été refusés sous prétexte qu’ils étaient trop près de la ville et là, la ville s’approche encore plus! »
Toutefois, le conseil municipal a expliqué que le périmètre urbain reste le même qu’il y ait des installations ou non et a mentionné qu’il n’y aura aucune perte de droits.
Finalement, une citoyenne était préoccupée par la possible arrivée de nouvelles familles alors que les écoles débordent déjà. Le maire suppléant a expliqué que, de ce côté, un terrain sur la rue Royale a été ciblé par la Municipalité et approuvé par le Centre de services scolaire des Samares pour l’élaboration d’une nouvelle école. « Nous sommes en attente des fonds de la part du Ministère. »
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©(Photo Médialo- Mélissa Blouin)
Marc Pelletier, David Beauséjour, Michael Douglas Kelley, Michel Dulude, Sarah Boucher et Alain Serge Marchand.
Prochaines étapes
Pour la suite des choses, les résidents des zones qui touchent directement celle du projet pourront demander la tenue d’un registre du 18 au 26 février. Si tel est le cas, ils pourront ensuite demander un référendum. Au cours de celui-ci, les citoyens concernés pourront voter pour ou contre le projet ou certaines portions de celui-ci.
Des Paulois présents à la consultation publique trouvaient cette façon de faire « injuste » et jugeaient que plus de personnes devraient être admissibles au vote puisque les impacts du projet, comme le débit de circulation, n'affecteront pas seulement les zones contiguës. « Malheureusement, il s’agit de la loi provinciale sur l’aménagement et l’urbanisme et nous ne pouvons pas aller au-delà de celle-ci », a répondu Marc Pelletier.
Dans l’éventualité où le projet ne se rend pas en référendum, il continuera sa route et des autorisations seront données, avec ou sans modifications, lors des prochaines séances. Des permis de construction pourraient être délivrés vers le printemps ou l’été 2025.
En terminant, M. Pelletier a tenu à remercier les gens présents à la consultation publique. « Vous avez tous fait preuve de beaucoup de respect et c’est agréable de voir que nous pouvons échanger de façon civilisée même lorsqu’il s’agit de sujets chauds! » Il a ajouté que le souhait du conseil est d’être le plus transparent possible.
Les citoyens sont invités à consulter le site de la municipalité, sous l’onglet Projets immobiliers en cours, pour plus d’informations et peuvent contacter Miguel Rousseau (directeur général) ou Sandrine Marsolais (directrice du Service de l'urbanisme et de l'environnement) pour toutes questions.
*PPCMOI
Puisqu’il y avait certaines non-conformités au cœur de ce projet présenté par les promoteurs, telles que le nombre de logements et d’étages, différentes options se présentaient. Les promoteurs pouvaient soit demander une modification du règlement de zonage ou un Projet particulier de construction, de modification ou d'occupation d'un immeuble (PPCMOI). Comme la municipalité ne souhaitait pas étendre les modifications à l’entièreté de la zone, c’est l’option du PPCMOI qui a été ciblée. Cet outil est utilisé par les municipalités pour encadrer des projets immobiliers qui ne respectent pas les règlements municipaux en vigueur, mais qui sont conformes au plan d'urbanisme.
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