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Retour11 décembre 2024
Jason Joly - jjoly@medialo.ca
Une recherche d’emploi laborieuse pour un jeune homme atteint de paralysie cérébrale
Recherche d'emploi
©Jason Joly
Patrick espère que sa passion pour l’informatique devienne un métier dans lequel il pourra s’épanouir.
Malgré sa paralysie cérébrale, Patrick est motivé à trouver un travail dans un domaine qui le passionne, soit l’informatique. Il bénéficie de l’aide du programme Essor 2, qui assiste les personnes avec un handicap dans leur recherche d’emploi. Cependant, le jeune homme de 24 ans peine à se faire embaucher et trouve démotivant de n’avoir aucun retour de la part des employeurs contactés : « Tout ce dont j’ai besoin, c’est d’une chance! »
Patrick Fleming s’est découvert un intérêt marqué pour l’informatique. Il comprend non seulement très bien l’utilisation de l’ordinateur, mais il s’intéresse aussi à son fonctionnement et à la construction des appareils. « Aller sur mon ordinateur est quelque chose que j’aime beaucoup faire, c’est mon passe-temps préféré », confirme-t-il en montrant l’équipement qu’il possède dans sa chambre située au sein des Maisons d’à côté.
Depuis environ huit mois, il est en processus de recherche pour décrocher un emploi dans le domaine. Pour l’instant, ses tentatives se sont dirigées vers des compagnies de télécommunications. Patrick a fait ses démarches avec l’aide du Service Spécialisé de Main-d’œuvre Essor 2, qui assiste les Lanaudois ayant des limitations d’ordre physique, neurologique, intellectuel ou psychologique dans leur recherche d’emploi. « Mais chaque fois qu’on avance dans les démarches pour un stage ou pour être embauché, ça tombe à l’eau », se désole le jeune homme. Il comprend qu’il aurait certaines choses à apprendre pour parfaire ses compétences, mais il ne s’explique pas tous ces refus : « J’ai la passion pour ce genre de métier, donc pourquoi ce n’est pas assez! »
Chantal Ménard-Plouffe, adjointe administrative pour les Maisons d’à côté, remarque que le jeune homme serait tout à fait en mesure de prendre les appels. Elle ajoute que sa langue maternelle est l’anglais, mais qu’il parle aussi très bien français. Ainsi, il pourrait facilement répondre aux clients dans les deux langues. « Ils cherchent des employés, alors pourquoi ils ne le prennent pas? », interroge l’adjointe administrative.
Des préjugés qui persistent
Grâce à l’aide apportée par le programme Essor 2, plus de 600 personnes handicapées trouvent ou maintiennent un emploi, et ce annuellement. Des agents d’accueil et d’évaluation des besoins se chargent de voir avec elles les types d’emplois recherchés selon leurs capacités. « Nous avons autant des individus qui ont fait un secondaire 2 que d’autres qui ont un baccalauréat ou une maitrise. Donc, le service est individualisé », explique Manon Boisvert, directrice générale du programme Essor 2. Les agents peuvent aussi assister les demandeurs lors de leur entrevue et s'assurer que le poste leur convient. « En plus de voir les besoins des employeurs, puisqu’ils sont aussi nos clients!, précise-t-elle. Nous voulons nous assurer de présenter les bonnes personnes. » Il est aussi possible pour les accompagnateurs d’être présents à la première journée du candidat au sein de son nouvel emploi.
Mme Boisvert considère que la majorité des employeurs de la région ont une grande ouverture. Au cours des cinq dernières années, des hausses d’intégration ont été notées. De plus, de nombreuses entreprises dites adaptées ont comme mandat d’avoir 60 % de leurs employés qui ont des limitations. La directrice générale confie malgré tout qu’il y a encore de la sensibilisation à faire. Elle mentionne que certains employeurs sont devenus réticents à la suite d’une embauche non concluante. « Il faut rappeler que, comme avec un employé qui n’aurait pas de handicap, il y a de moins bonnes expériences. »
Pour le cas de Patrick, les raisons évoquées tournaient autour de l’accessibilité alors que le jeune homme se déplace en chaise roulante. Toutefois, Chantal Ménard-Plouffe précise que les demandes d’emploi ont principalement été faites à des compagnies présentes aux Galeries Joliette. « L’endroit est accessible parce qu’il y a un ascenseur. La seule chose serait peut-être de surélever le bureau de Patrick, mais ça semble assez simple », mentionne-t-elle. Manon Boisvert consent que le manque de connaissances et la persistance de préjugés peuvent être en cause dans le rejet des demandes d’emploi. La directrice générale rappelle que les clients du service n’ont pas toujours des limitations physiques : « Il faut penser qu’il y a beaucoup de handicaps qui sont non visibles. Souvent, les personnes vont avoir besoin d’aide lors de leur intégration, mais par la suite, nous découvrons qu’elles sont très productives. » Le programme Essor 2 aide d’ailleurs les entreprises à avoir accès à des aides financières, dans le cas où un individu serait moins productif ou encore pour l’embauche d’un interprète si le nouvel employé possède des difficultés auditives pour ne nommer que ces exemples.
Du point de vue de l’adjointe administrative pour les Maisons d’à côté, les employeurs jouiraient grandement de l’aide de Patrick. « Il est jeune et en forme. Il veut travailler et pouvoir vivre comme tout le monde. Il a les mêmes désirs et aspirations que nous », souligne Chantal Ménard-Plouffe. De son côté, le jeune homme assure vouloir continuer ses recherches, mais il avoue trouver démotivant le fait de n’avoir aucune réponse des employeurs. « Il y a plein de gens comme moi qui veulent travailler, mais ils ne sont juste pas capables de se trouver un métier. J’en connais un personnellement qui bénéficie d’aide à la recherche d’emploi depuis 10 ans. » Patrick conclut en disant qu’il souhaite seulement qu’on lui laisse la chance de faire ses preuves : « J’aimerais qu’on me rencontre en vrai et qu’on ne se fie pas qu’à mon CV, pour que je puisse montrer ce que je suis capable de faire. »
Un emploi, impossible sans transport
Manon Boisvert énonce une difficulté supplémentaire pour les personnes handicapées en quête d’un emploi qui est le transport adapté. Même si elles décrochent un poste, plusieurs peinent parfois à s’y rendre ou d’arriver aux mêmes heures que leurs collègues, limitant les moments de socialisation. « Elles ont de bonnes intentions et capacités pour leur travail, mais le transport entre MRC et les heures de service peuvent poser problème », résume la directrice générale d’Essor 2.
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