11 décembre 2024

Mélissa Blouin - mblouin@medialo.ca

Partager sur les réseaux sociaux

©(Photo Médialo- Mélissa Blouin)

Renée St-Onge, Suzanne Laforest, Jérôme Forest et Claudine Perreault.

« Il y a beaucoup de gens qui aiment le Scrabble, mais qui ne savent pas qu’on peut y jouer en groupe, car ce n’est jamais mis en lumière! C’est tout de même surprenant qu’un club d’une grande ville comme Joliette ne contienne qu’une vingtaine de joueurs réguliers », a évoqué Renée St-Onge qui est membre de la Fédération québécoise des clubs de scrabble francophone (FQCSF) depuis 2017.  

Cette dernière a ajouté que l’avantage du Scrabble duplicate est que tous peuvent y jouer ensemble, qu’ils soient débutants ou de grands adeptes. En effet, la formule favorise l’aspect amical et récréatif puisque les joueurs ne s’affrontent pas directement. « Tu ne joues pas contre les autres, mais plutôt contre toi-même, dans l’objectif de t’améliorer! » 

Un nombre illimité de joueurs peuvent disputer une partie, car tous utilisent la même grille et les mêmes lettres. « J’ai récemment participé à un tournoi à Aix-les-Bains et il y avait 700 joueurs qui jouaient simultanément! C’était mon premier tournoi en Europe et j’ai été très impressionnée », a ajouté Mme St-Onge.  

Pour entamer une partie, l’animateur pige les sept lettres du tirage et les annonce au groupe. Chaque scrabbleur a ensuite trois minutes pour trouver le mot le plus payant à composer avec ces lettres. Il inscrit son mot, et l’endroit où il le place dans la grille, sur son bulletin de participation, en plus d’ajouter son nombre de points. 

Après chaque tour, un correcteur amasse tous les bulletins puis devra s’assurer, pendant le tour suivant, que le nombre de points calculés par chacun est exact. « Il n’y a pas de facteur chance ni de stratégie, le seul objectif est d’avoir le mot le plus payant! » 

L’animateur, de son côté, n’a pas accès aux réponses des joueurs et se base sur le logiciel pour choisir le mot le plus payant. C’est ce dernier qui est ajouté à la grille commune et de nouvelles lettres sont pigées pour le tour suivant.  

Le joueur est le seul, hormis le correcteur, à savoir quel mot il a trouvé. L’exercice n’est donc pas intimidant pour un débutant. Certains, comme Lyne Baril, choisissent même de ne pas se faire corriger et de ne pas être classés. Ils sont là pour le plaisir uniquement. « Au début, j’étais gênée de venir, mais cela n’a pas duré longtemps, car j’ai été accueillie comme si j’étais un membre de la famille! Il n’y a pas de jugement et j’apprends de nouveaux mots, j’aime beaucoup », a commenté Mme Baril.  

Briser l’isolement 

Pour cette dernière, ainsi que plusieurs autres, il s’agit d’une belle façon de rencontrer des gens et de se retrouver entre amis. Certains sont devenus des habitués au fil des années, comme Lise qui vient au club de Joliette, depuis sa fondation en 2000, ou Jean-Marc qui a commencé au club de Saint-Alphonse-Rodriguez en 1990.  

Quant à Nicole, elle mentionne que ce loisir a joué un rôle déterminant pour elle, « le Scrabble m’a sauvé la vie! J’ai vécu des moments plus difficiles et quand je jouais, je faisais le vide et j’oubliais tout! » 

En plus de l’aspect social, plusieurs joueurs ont mentionné que le Scrabble leur permet de stimuler leurs fonctions cognitives. « J’ai une phobie de l’Alzheimer et je fais tout pour ne pas être touchée par cette maladie, ou pour la retarder, en me gardant active mentalement le plus possible! Le Scrabble, c’est vraiment ce que je préfère pour cultiver la mémoire », a commenté la directrice du club de Sainte-Béatrix, Suzanne Laforest.  

Le fait de se souvenir de tous les mots acceptés et d’apprendre les nouveaux, qui sortent tous les quatre ans, contribue certainement à entraîner la mémoire des adeptes. « Il faut se tenir à l’affût! Mais quand j’étudie, je n’ai pas l’impression de faire des devoirs, je m’amuse », a affirmé la directrice du club de Joliette, Claudine Perreault. 

Elle a ajouté que ce loisir la stimule à acquérir de nouvelles connaissances et que les tournois l’amènent à se dépasser. « J’aime aussi que ce soit toujours une surprise, parce que tu ne sais pas ce qui va arriver, quelles lettres sortiront et quelle sera ta grille! » 

Cette imprévisibilité rend toutefois la préparation plus difficile en vue des compétitions. « Nous avons beau étudier, mais nous ne savons pas si les mots que nous apprenons nous seront utiles! » Chacun a tout de même sa méthode pour se garder prêt. Certains lisent les dictionnaires conçus pour le Scrabble et d’autres se défient en faisant des anagrammes ou des chroniques. C’est d’ailleurs le cas de Bernard Cloutier, le meilleur joueur de Lanaudière, qui se prépare en vue des Championnats du monde de Scrabble francophone. 

©(Photo Médialo- Mélissa Blouin)

Bernard Cloutier est le meilleur joueur de Lanaudière.

Championnats du monde 

Ceux-ci se tiendront à Trois-Rivières du 10 au 18 juillet 2025 et rassembleront près de 600 joueurs provenant de 15 pays. Le Québec reçoit cet événement d’envergure tous les six ans. « Mon objectif sera simplement de jouer le mieux possible! J’aime la compétition¸ ça me permet de m’améliorer, c’est de l’émulation », a déclaré M. Cloutier. 

Ancien journaliste, celui-ci a toujours aimé jouer avec les lettres, « chaque tirage de sept lettres représente des millions de possibilités, ça me fascine! » Cela fait maintenant 25 ans qu’il joue et il évoque qu’il a commencé comme tout le monde au bas de l’échelle. 

Sa progression l’a mené jusqu’aux niveaux élites. Il fait partie de la catégorie A2 qui regroupe des joueurs ayant une moyenne entre 85 et 90%. Il a même déjà figuré au cœur de la catégorie la plus haute, la A1 (entre 90 et 100% de moyenne). M. Cloutier a également terminé premier de sa catégorie lors d’un championnat international à Rimouski. « Bernard a beau être l’un des meilleurs, il est vraiment généreux de ses trucs et est toujours en train de nous aider », a commenté Renée St-Onge.  
Cette dernière fait quant à elle partie du comité organisateur des Championnats du monde et travaille depuis un an et demi à la préparation de ceux-ci. « Depuis un mois, je consacre un minimum de dix heures par semaine à l’événement. Oui, c’est de l’ouvrage, mais c’est motivant et je me sens supportée par mes amis de la région! »  

Elle en a d’ailleurs profité pour souligner le travail de tous les bénévoles qui font une différence non seulement dans des événements comme les Championnats du monde, mais aussi lors des parties amicales. « Ils sont dévoués et disponibles à initier les nouveaux. Ils investissent beaucoup de temps et sans eux, rien ne serait possible », a ajouté la résidente de Saint-Côme et membre du club de Saint-Alphonse-Rodriguez.  

Parmi ces bénévoles dédiés se trouve notamment le directeur du club de Saint-Alphonse, Jérôme Forest, qui a pris la relève de la direction afin de s’assurer que le Club perdure. Les membres espèrent d’ailleurs qu’un plus grand nombre d’amateurs seront au rendez-vous et que d’autres clubs s’ajouteront dans la région afin d’assurer la pérennité du Scrabble duplicate.  

Renée St-Onge a tenu à préciser que le Scrabble duplicate est une activité très peu dispendieuse et accessible à tous. De plus, les gens peuvent y participer au moment de leur choix et n’ont pas à attendre une date précise pour s’y inscrire. Pour plus d’informations, visitez le site www.fqcsf.qc.ca ou communiquez avec Renée St-Onge à renee.st-onge@fqcsf.qc.ca.