Communauté
Retour06 décembre 2024
Salle de rédaction - redaction@medialo.ca
Des locataires sonnent l’alarme et exigent des logements sains pour tous
Mobilisation
©Photo gracieuseté - L'Action
Des locataires se mobiliseront le 10 décembre pour dénoncer « l’inaction des différents paliers de gouvernement face à l’état inacceptable de beaucoup de logements privés et sociaux dans la région de Lanaudière ». Dans le cadre de la Journée des droits de la personne, la manifestation aura lieu à 16h30 devant l’hôtel de ville de Joliette, suivi d’une tournée en autobus afin de visiter d’autres municipalités.
L’Escouade logements sains est un comité d’Action-Logement Lanaudière qui a été mis en place par des locataires affectés par l’état de leurs logements et qui se sont regroupés après avoir constaté que l'insalubrité touche à beaucoup de logements privés et sociaux dans Lanaudière.
« Vivre dans un logement en mauvais état peut nuire gravement à la santé des résidants, mentionne Noémi Turbide, intervenante à Action-Logement Lanaudière. Les locataires peuvent souffrir de troubles physiques importants. Il y a plus d’une centaine de problèmes physiques répertoriés par l’Institut de la Santé publique du Québec (INSPQ) en lien avec le logement. À cela s’ajoute également une grande détresse psychologique. Sommes-nous d’accords pour que des propriétaires locateurs s’enrichissent au détriment d’une partie de la population? Les élus sont aussi imputables de la détérioration du parc locatif et, conséquemment, leur inaction amène les locataires à perdre confiance. »
Véronic Pageau, membre de l’Escouade, a vécu plusieurs années dans une maison louée à Saint-Zénon qui était infestée de moisissures. Elle témoigne que les locataires vivant dans un logement insalubre se sentent souvent démunis et laissés à eux-mêmes. « En pleine crise du logement, quand on se rend compte que notre logement est dangereux, que notre propriétaire ne fait pas les réparations requises, que les moyens légaux sont très peu accessibles et que notre municipalité ferme les yeux, on se sent extrêmement seul. Et surtout, nous nous sentons prisonniers, car des logements qui entrent dans notre budget, il n’y en a pas sur le marché. Alors, on doit choisir entre notre logement dangereux ou la rue ! C’est inacceptable ! »
L'organisme rappelle qu'au Québec, les municipalités et les MRC ont le pouvoir d’assurer la santé du parc locatif selon l’article 57 de la Loi sur les compétences municipales. Elles auraient même le droit d’inspecter l’intérieur d’un logement, de produire un rapport d'inspection et de le remettre aux propriétaires ainsi qu’aux locataires. De plus, elles ont le pouvoir de donner des amendes aux propriétaires fautifs, de réaliser elles-mêmes les travaux aux frais des propriétaires et d’inscrire au registre foncier un avis de détérioration. Enfin, elles ont le droit d’exproprier, de faire l'acquisition des immeubles en cas de détérioration extrême, de déclarer un édifice impropre à l’habitation et de le condamner. Les municipalités n’y sont cependant pas obligées par la loi. Dans Lanaudière, selon le recensement du comité salubrité d’Action-Logement Lanaudière, en partenariat avec l’Institut national de santé publique du Québec, en 2020, seulement 16 municipalités sur 57 ont un règlement sur soit la salubrité et l'entretien des bâtiments ou sur les nuisances ou la propreté. De plus, six municipalités seulement font des inspections intérieures de logements. L'organisme rappelle que l'INSPQ offre une panoplie d’outils à la disposition des municipalités, comme le Guide intervention qualité air salubrité.
« Il est urgent que les élus fassent leur job ! Les changements climatiques accentueront grandement la détérioration des logements dans les prochaines années. De plus en plus de personnes y compris des familles avec enfants se retrouvent forcées d’habiter dans un milieu de vie dangereux pour leur santé et leur sécurité. Nous pensons que tout le monde devrait avoir droit à des logements sains et exempts de vermines, de moisissures, de problèmes de chauffage, d’infiltration d’eau, etc. Selon moi, c’est un crime contre l’humanité de ne pas agir devant des situations aussi graves », déclare Jessica Lambert M., locataire et membre de l’Escouade.
L'article 25 de la Déclaration universelle des droits de l'Homme mentionne que toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, ce qui inclut le logement. C’est dans le cadre de la Journée internationale des droits de la personne que L’Escouade logements sains dénonce la situation et exige :
- QUE tous les paliers de gouvernement déclarent comme fondamental le droit d’habiter un logement sain et prennent au sérieux cet enjeu qui est urgent.
- QU’UNE loi soit adoptée obligeant les municipalités à respecter un règlement uniforme pour le Québec sur l’entretien de tous types de bâtiments en incluant dans la définition d’insalubrité la moisissure profonde, le manque de chauffage, d’appareils sanitaires, d’eau potable et l’infestation de vermines, sans délai.
- QUE de l’argent soit octroyé aux municipalités pour qu’elles puissent embaucher du personnel afin d’assurer l’application du règlement obligatoire et ainsi leur permettre d’enrayer le fléau des logements en mauvais état.
- QUE les élus prennent leurs obligations de responsabilités reconnues comme telles par la loi et exercent les pouvoirs qu’ils ont déjà.
Une pétition a également été lancée en ligne par le comité et est à la recherche d’un ou d'une député(e) pour la porter à l’Assemblée nationale du Québec.
Commentaires