14 novembre 2024

Mélissa Blouin - mblouin@medialo.ca

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©(Photo Médialo- Mélissa Blouin)

Mégane Bourdon.

« J’avais envie de m’impliquer et de me découvrir à travers cela! J’ai moi-même vécu plusieurs situations à travers lesquelles je n’avais pas de voix et il n’y avait personne pour m’aider à la faire entendre, alors ça me tient à cœur de défendre les droits des gens et d’être leur porte-parole », a mentionné l’étudiante en Technique de gestion de commerces. 

Cette dernière a effectué son retour aux études il y a environ quatre ans, alors qu’elle avait 20 ans. « Les deux premières années, j’avais plusieurs emplois, donc le collège n’était pas un lieu d’appartenance pour moi. J’allais à mes cours et je repartais. » Ce rythme de vie l’a menée vers un syndrome d’épuisement professionnel et c’est à ce moment qu’elle a pris la décision de se recentrer sur elle-même et de s’engager dans la vie collégiale. Elle a également cessé de travailler dans l’objectif d’avoir accès aux prêts et bourses. « J’ai fait des emprunts à ma caisse pour pouvoir vivre et je me suis endettée d’environ 35 000$. » 

D’être elle-même en situation de précarité l’a motivée encore plus à s’impliquer pour le bien-être des autres. « J’ai été élevée dans un milieu plus défavorisé et je sais ce que c’est que de se retrouver dans des situations comme cela! Donc c’est sûr que ça vient me chercher davantage de savoir que plusieurs étudiants dorment dans leur voiture. » 

C’est lors de l’Assemblée générale de l’automne 2022 que Mégane a été élue comme vice-présidente chargée aux affaires internes. Au cours de ce premier mandat, elle a créé le service de bourses d’urgence qui est offert aux personnes rencontrant des difficultés financières. Il offre un soutien allant jusqu’à 250$ par étudiant.  

Puis, le mandat suivant, elle a été élue au poste de présidente. « Tout au long de cette deuxième année, nous avons fait beaucoup d’activités socioculturelles et avons mis en place nos règlements, car nous n’avions même pas de code d’éthique. Nous sommes partis de la base et avons élaboré un règlement de gouvernance. » 

L’année dernière, Mégane a également effectué un sondage confidentiel afin de connaître les enjeux qui préoccupaient les étudiants. « Le premier était d’avoir accès à un logement et le second était de la nourriture à prix abordable. » Quand elle a effectué son plan de travail, en juin dernier, elle a donc gardé ces réponses en tête pour l’élaboration de nouveaux projets.  

Faire une différence  

C’est ainsi qu’elle a mis sur pied les Collations du matin. Chaque semaine, depuis le début de la session, ce sont entre 300 et 400$ de fruits qui sont mis à la disposition de tous les étudiants. « De se dire qu’une personne n’a peut-être encore rien mangé, mais qu’elle peut se permettre une collation grâce à nous… je ne pourrais même pas décrire l’émotion que ça me fait tellement c’est satisfaisant de voir les sourires et de savoir que nous faisons une petite différence dans la vie de quelqu’un! »  

Cette initiative a été instaurée grâce à la collaboration du programme de Technologie des procédés et de la qualité des aliments (TPQA). Le RÉÉCJL offre également des repas rapides et des coupons de cafétérias aux élèves qui n’ont pas de lunch.  

De plus, Mégane a organisé l’événement la Faim du mois. La première édition s’est tenue le 30 octobre dernier et a permis la distribution de 307 sacs d’épicerie gratuits. « Ça représente 15% de notre population étudiante! Pour une première édition, nous sommes très contents! »  

Lors de l’événement, plusieurs aliments non périssables, préalablement achetés par Mégane, comme des fruits et légumes en conserve, des pâtes, des soupes, du lait de maternité et des collations pour bébés avaient été étalés sur des tables et les étudiants pouvaient se faire un sac avec les éléments de leur choix. Il y avait également des produits tels que du papier hygiénique, des rasoirs, du savon, du dentifrice et bien plus. La deuxième édition se tiendra le 26 novembre et les organisateurs s’attendent à une demande encore plus grande.  

Toujours dans l’objectif d’aider la population étudiante, la présidente du RÉÉCJL a procédé à l’achat et à l’installation de dix machines distributrices de produits hygiéniques menstruels. Celles-ci sont réparties à travers les étages de l’établissement ainsi que dans les différents pavillons et complexes. « Je suis vraiment contente, c’est un projet merveilleux! Certaines étudiantes étaient contraintes de s’absenter de leurs cours, car elles n’avaient pas les moyens de se procurer ces produits. C’était donc une nécessité de pouvoir en offrir gratuitement! » Pour l’élaboration de ce projet, et de toutes ses autres idées, la présidente a mentionné qu’elle pouvait compter sur l’appui et l’excellente collaboration de la directrice du collège, Sonia Ducharme-Beausoleil. 

Persévérance et dévouement 

Des bourses de persévérance seront aussi bientôt initiées. D’un montant de 250$ chacune, elles seront remises à un étudiant par programme. « Ce n’est pas nécessairement pour ceux qui ont de bonnes notes. Quelqu’un peut avoir eu 60%, mais avoir travaillé à 300% afin de l’obtenir! » 

Pour la présidente, il est primordial de mettre en valeur cette persévérance. Elle tenait d’ailleurs à souligner l’admiration qu’elle a pour les étudiants. « C’est difficile le collégial, surtout quand tu as des stages 4 jours/semaine, que tu es une maman et que tu dois travailler pour subvenir à tes besoins! C’est incroyable ce que certains réalisent, ils fournissent 60h/semaine et continuent de se battre afin d’avoir un métier qui leur plaît et qui les motive!» 

Pour ce qui est des horaires chargés, Mégane n’est pas en reste. Elle a même consacré une bonne partie de son été à se préparer pour la présente session et à s’occuper des tâches administratives. « Dans d’autres associations étudiantes, il y a des employés rémunérés qui sont payés pour faire tout ce qui est paperasse, mais ici, c’est moi qui le fais bénévolement. Nous avons pris cette décision afin d’avoir un plus grand budget pour nos projets. »  

Seulement au sein du Cégep, Mégane est membre d’une dizaine de comités, dont le comité interculturel, le comité de santé mentale et le comité de l’environnement. Elle effectue aussi du tutorat pour les élèves du primaire et est bénévole au CRÉDIL. 

Mégane participe également à plusieurs manifestations, dont les causes touchent les étudiants, puisque le RÉÉCJL est membre du Réseau Vigilance Lanaudière. Il s’agit d’un regroupement de syndicats et d’organismes communautaires qui se mobilise face à des enjeux régionaux. « Ça déborde de partout, mais j’adore ce que je fais! Quand je ressors d’une manifestation, c’est comme si j’avais reçu une dose d’adrénaline immense, c’est incroyable! » 

Bien sûr, toute cette mobilisation vient parfois avec des moments plus difficiles. C’est notamment le cas lorsque le quorum d’étudiants requis aux assemblées générales n’est pas atteint. « Sur le coup, je ne me tolère pas! Je me demande pourquoi je fais tout cela, si mes membres ne viennent même pas… Mais je prends un pas de recul, j’essaie de comprendre pourquoi la situation s’est déroulée ainsi et je tente de trouver des solutions pour éviter que cela ne se reproduise! » 

Malgré ces petits moments de découragement, son implication lui amène énormément de positif. « Ça m’a donné l'opportunité de rencontrer des personnes dévouées et engagées! Mon implication m’a aussi permis de me fixer un objectif de carrière, un rêve, soit de devenir un membre de l'exécutif de la CSN. J'ai le syndicalisme dans le cœur, dans le sang et dans la tête et je veux continuer à défendre et représenter des membres! »   

©Photo gracieuseté

Mégane Bourdon et Sonia Ducharme-Beausoleil.