Carrières Avis de décèsÉdition Électronique Rabaischocs.com Infolettre

Recherche

Recherche par terme

Journaliste

Date de parution

_

Catégories

Tribune libre

Retour

05 novembre 2024

J’ai mal à ma forêt

Coupes forestières

©Photo gracieuseté

En 2022, Laure Waridel, une environnementaliste et militante québécoise réputée, écrivait un texte avec un titre presque similaire à celui-ci. C’est à mon tour de pleurer la forêt. 

La région de Lanaudière est mise à mal, car elle subit une surexploitation forestière à proximité de résidences, autour des lacs et sur des zones récréotouristiques reconnues. Un coup d’œil sur Google Map satellite permet de voir l’ampleur des découpages en mosaïque montrant les coupes récentes. Hélas, plusieurs autres sont annoncées. Certains secteurs habités et fréquentés de la région semblent sacrifiés. 

Ces travaux forestiers diminuent la richesse de la biodiversité, détruisent la qualité des lacs et détériorent des zones humides. Ils ont un impact négatif sur la qualité de vie des usagers, car des sentiers multiusages sont détruits, mettant en péril le maintien des activités récréatives. La beauté du paysage est altérée, notamment dans les montagnes autour des lacs laissant des cicatrices pour longtemps. 

En 2024, nul ne peut nier la fréquence accrue des événements climatiques extrêmes. Lanaudière a d’ailleurs vécu des pluies diluviennes historiques le 9 août dernier. La forêt fait partie de la solution. Cessons de la détruire ou de la régénérer artificiellement en plantant les mêmes essences d’arbres, en rangée, imitant de près les monocultures agricoles.

Une mobilisation citoyenne a lieu, car il y a absence d’acceptabilité et la cohésion sociale est affectée, notamment parce que la capacité productive de la forêt semble être l'unique jalon pris en compte. 

Indéniablement, l’industrie forestière est primordiale pour la région, mais l’industrie touristique génère également des retombées importantes. Selon les données les plus récentes du ministère du Tourisme, la contribution à l'économie de ce secteur dans Lanaudière s'élevait à plus de 565 millions. La région compte près de 1 200 entreprises et environ 13 200 emplois liés au tourisme1. Les deux industries doivent cohabiter harmonieusement.

La ministre du Tourisme également responsable de la région de Lanaudière, Mme Caroline Proulx, et la ministre des Forêts, Maïté Blanchette Vézina, ont annoncé dernièrement, un appui financier de 2,3 millions à espace nature Haute-Matawinie afin de soutenir l’entreprise minière Nouveau Monde Graphite, à Saint-Michel-des-Saints pour le développement d'un site récréotouristique2. Questionnable ou pas, je ne peux qu’applaudir cet investissement. Cependant, il est difficile de comprendre que pendant que les coupes forestières détruisent des secteurs récréotouristiques dans les villes voisines, on en construit un nouveau à grands frais. 

Afin de sauver notre patrimoine environnemental, nous demandons au gouvernement du Québec de décréter un moratoire sur les coupes forestières dans les secteurs visés où elles entraîneront des pertes et des injustices environnementales et récréotouristiques. Une pétition a permis de recueillir près de 950 signatures. 

Nous avons déposé un projet d’aire protégée nommé La forêt Sauvé au ministère de l’Environnement. Le processus de sélection pour obtenir la décision gouvernementale finale nécessite du temps. Espérons que le moratoire soit accordé, car sinon, il n’y aura plus rien à protéger. 

Le territoire public constitue une richesse collective et nous voulons participer aux choix de sa valorisation durable. Par-dessus tout, nous croyons qu’il est fondamental de laisser un legs écoforestier en santé aux générations futures. 

Suzanne Filteau, retraitée du monde de l’éducation au collégial, résidente de Montréal et de Saint-Zénon.

Commentaires

7 novembre 2024

Genevieve Deschamps

Merci Suzanne ! J'ai mal à ma forêt aussi. Celle de Saint-Zénon, mais aussi toutes celles que je vois rétrécir comme peau de chagrin d'une année à l'autre. Dans Lanaudière, surtout, mais aussi dans les Laurentides, où le problème est un peu différent.

7 novembre 2024

Johanne Sarrazin

Ce texte cible des éléments clés auquel les leaders d’aujourd’hui ne peuvent pas être insensibles. Quel Monde, avec un grand M, voulons-nous léguer aux générations futures? Il est déplorable que la forêt, cette ressource inestimable soit devenu un enjeu politique à son détriment. Je pleure la forêt!

Inscrivez votre commentaire

Politique d'utilisation Politique de confidentialité

Agence Web Joliette - Caméléon Média