Un tabou de l’entrepreneuriat mis de l’avant

Chambre de commerce de Rawdon

©Photo Élise Brouillette - L'Action

Marc-André Pedneault, directeur de la santé et sécurité du travail à la FCCQ.

La Chambre de commerce de Rawdon a récemment lancé une nouvelle formule d’activités, tant pour les gens d’affaires que la population en général, en organisant des dîners-conférences. Le 8 octobre dernier, l’événement tenu au Rawdon Golf Resort a permis d’aborder un sujet crucial, mais encore tabou de l’aveu de la directrice générale Andréanne Juteau, soit la santé mentale des entrepreneurs.

En début de conférence, la préfète de la MRC de Matawinie, Isabelle Perreault, a brossé un portrait du développement du territoire et des priorités pour le futur. Elle a souligné que « la Matawinie connaît une forte croissance démographique avec plus de 11 500 nouveaux résidents depuis 15 ans. Les services publics ressentent cette pression. »

Elle a ajouté que le nombre de personnes ne détenant aucune formation ou qualification est près de deux fois plus élevé en Matawinie qu’au niveau provincial. « Notre rôle à tous est de supporter la réussite éducative. Celle-ci a un grand impact sur le développement de la fibre entrepreneuriale, l’épanouissement personnel et familial, ainsi que le tissu social et économique d’un territoire. »

La préfète a expliqué que Rawdon, Saint-Félix-de-Valois et Saint-Jean-de-Matha sont les principaux endroits où les résidents de la Matawinie se déplacent pour recevoir des services qu’ils n’ont pas dans leur milieu. « Rawdon devrait être une capitale de services. Ce sont vos atouts! »

Mme Perreault a signifié l’importance, pour la MRC, d’avoir une politique d’habitation forte, des axes routiers performants, de développer des opportunités d’affaires multisectorielles, de faciliter les démarches administratives et le financement pour les entrepreneurs, ainsi que de multiplier les avantages pour les entreprises de services de proximité.

L’équilibre est la clé

Marc-André Pedneault, directeur de la santé et sécurité du travail à la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ), a ensuite pris la parole pour aborder le thème du jour, la santé mentale des entrepreneurs.

Si ces enjeux demeurent quelque peu tabous, il a mentionné que des changements s’opèrent au sein de la société. « On en parle davantage depuis 15 ans, on a juste à penser à la campagne Bell Cause pour la cause. Ça a des impacts. »

Le conférencier a poursuivi en rappelant qu’il faut « s’occuper de nous pour pouvoir s’occuper des autres. L’importance de prendre soin de soi physiquement est intégrée, mais il y a aussi des dangers de se surstimuler au niveau psychologique. » En ce sens, le conférencier a parlé des impacts de l’hyperconnectivité. « Il faut s’accorder des périodes de repos et se déconnecter. Il y a souvent de mauvaises utilisations des outils de communication, beaucoup de bruit pour des choses qui pourraient être traitées différemment. »

Et surtout, il a insisté sur l’importance d’inciter les gens à parler de santé mentale. M. Pedneault a mentionné que des changements de culture sont en train de se produire, comme ce fut le cas pour le port de la ceinture de sécurité en voiture, le tabagisme ou l’alcool au volant.

« Le mythe du superhéros et la croyance qu’on ne devrait pas parler de nos problèmes sont de moins en moins présents chez les entrepreneurs. »

Selon un récent sondage de la Banque de développement du Canada, plus de 75 % des répondants ont ou connaissent des entrepreneurs qui ont déjà souffert de problèmes de santé mentale nécessitant un arrêt de travail. Également, 35 % des propriétaires de PME ont cherché à obtenir du soutien professionnel pour traiter des problèmes de santé mentale au cours de la dernière année.

« L’équilibre travail-famille fait partie des difficultés vécues dans plus de 54 % des cas », a souligné Marc-André Pedneault.

Il a ajouté que les lois qui encadrent le travail ont été modifiées depuis 2021 et que les entreprises se doivent d’identifier les risques psychologiques, comme le harcèlement, ou les situations potentiellement traumatiques.

« Les entrepreneurs sont de plus en plus enclins à lever la main en cas de problème de santé mentale et à aller chercher de l’aide. »

Le conférencier a rappelé l’importance d’une alimentation saine, de l’activité physique et d’un sommeil de qualité pour le bien-être.

« Parmi les bonnes pratiques pour favoriser la santé mentale, il y a le fait de ventiler, de consulter, de prendre du recul, de réfléchir et de se trouver une passion. La clé, c’est l’équilibre entre les passions, la famille et le travail. »

La préfète de la MRC de Matawinie, Isabelle Perreault.

Le dîner de la Chambre de commerce de Rawdon.

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