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18 septembre 2024

Élise Brouillette - ebrouillette@medialo.ca

Des coupes forestières « impensables » pour des résidents du lac Monahan

Chertsey

Association Domaine des Chutes lac Monahan

©Photo Élise Brouillette - L'Action

Les résidents du lac Monahan luttent contre les coupes forestières dans leur secteur.

L’Association des propriétaires du Domaine des Chutes est consternée par les travaux forestiers prévus par le ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF) dans le secteur du ruisseau Ulric à Chertsey, qui se jette dans le lac Monahan. « Ils ne feront pas ces coupes. On va empêcher ça d’une façon ou d’une autre, mais j’aimerais que ce soit par la logique, la discussion et la consultation », a déclaré Arthur Sandborn, président de l’association, lors d’un échange avec L’Action.

En effet, le Journal est allé à la rencontre de M. Sandborn et de Céline Picard, riveraine du lac Monahan.

Ils ont raconté que les résidents ont pris conscience que des coupes étaient projetées dans leur secteur le 5 avril dernier et que la population avait jusqu’au 9 avril pour émettre des commentaires dans le cadre de la consultation publique sur les plans d’aménagement forestier intégré opérationnels (PAFIO), préparés par le MRNF, pour l’unité d’aménagement 062-71 couvrant une partie de la forêt publique de Lanaudière. La consultation avait d’ailleurs été annoncée dans L’Action le 15 mars 2024.

Toutefois, les membres de l’association ont été proactifs. Ils se sont retroussé les manches et ils ont acheminé une quarantaine de commentaires en trois jours. « On l’a su à la dernière minute, mais les gens ont réagi rapidement », affirme Mme Picard.

Les résidents sont grandement préoccupés par les impacts qu’auraient les coupes forestières sur leur lac, leurs résidences, leurs terrains et les infrastructures environnantes.

Le lac Monahan est doté d’une digue, qui a été mise aux normes, appartenant à l’association et gérée par les propriétaires. « Depuis quatre ans, on voit que l’eau monte, on constate l’impact des changements climatiques, on réagit et on s’adapte. Ça prend beaucoup d’énergie. Mais qu’est-ce que ce serait avec ces coupes? », se questionne le président.

Selon la carte des travaux projetés par le Ministère, les coupes se produiraient en amont, dans des secteurs avec de fortes pentes, aux abords du ruisseau Ulric. Les résidents expliquent qu’une fois le couvert végétal retiré, il ne restera plus rien pour retenir les matières organiques et l’eau. « Avec les coupes, il y aurait deux problèmes, soit le fait que les matières vont descendre dans le lac et l’augmentation du volume d’eau. Nous sommes déjà à la limite de la capacité, s’il y a une augmentation majeure du volume d’eau, c’est la fin », témoigne M. Sandborn.

Les résidents redoutent des inondations de terrains et de chemins, des répercussions en aval sur les autres ruisseaux et lacs, ainsi que des risques pour la sécurité publique.

Une rencontre a d’ailleurs eu lieu entre des employés de l’Unité de gestion de Lanaudière et l’association. « Ils nous ont avoué qu’ils n’ont pas l’expertise ni l’effectif pour réaliser des analyses sur les effets hydriques des coupes. Ils n’ont pas pu nous garantir qu’il n’y aurait pas une augmentation importante du volume d’eau », déclare le président. « Ce n’est pas acceptable, ils doivent revoir leur planification et faire des études! À l’association, nous avons trouvé des informations de façon bénévole en un mois! »

Un autre des enjeux, souligne Mme Picard, est la contamination potentielle des sources d’eau, un grand nombre de propriétaires ayant des puits de surface. Elle explique que la composition chimique du lac serait aussi amenée à changer, ce qui pourrait entraîner la prolifération d’algues bleues par exemple.

« Quand le ruisseau Ulric déborde et qu’on doit ouvrir la digue parce que l’eau du lac Monahan monte, il y a des impacts pour le lac Jasper vers le sud et le lac Paré vers l’est qui lui, a des effets sur tout le secteur Grande-Vallée. On parle du quart de la population de Chertsey qui serait touché par ces travaux et des centaines de résidences en danger », s’exclame Arthur Sandborn.

Une rencontre avec la direction régionale du MRNF a eu lieu le 10 septembre. Selon le président, qui en est ressorti déçu, celle-ci ne leur a offert aucune réponse concrète. L’association a aussi contacté le bureau de la ministre Maïté Blanchette Vézina et est en lien avec celui de la députée de Bertrand France-Élaine Duranceau. Des missives ont été acheminées aux ministères de l’Environnement et de la Sécurité publique. De plus, une pétition a été initiée, demandant à la MRC de Matawinie de prendre acte de l’absence d’acceptabilité sociale concernant ces coupes forestières et au MRNF d’abandonner le chantier Ulric en raison des impacts majeurs qu’il aurait.

« Si on enlève le couvert forestier, ce sera comme un entonnoir, il n’y aura plus de retenue. Ils ne savent pas ce qu’ils vont récolter », mentionne Céline Picard.

Arthur Sandborn souligne que chaque année, la fonte des neiges et certaines périodes charnières ont des conséquences dans le secteur du ruisseau Ulric. « L’eau remplit le ponceau et déborde, la route s’effrite tranquillement. On a de bonnes infrastructures et on peut gérer les changements climatiques, mais pas les effets des coupes. On veut aider le Ministère à ne pas faire d’erreurs parce que tout indique qu’il va créer un désastre! »

Une certitude demeure pour l’association, il est hors de question que ces coupes se produisent. « On parle de notre avenir, c’est un non-sens, tous les rapports d’experts concluent qu’avec les changements climatiques, il faut modifier nos façons de faire », exprime Céline Picard.

Mme Picard et M. Sandborn insistent aussi sur le fait que les propriétaires du lac Monahan sont pour la grande majorité des résidents permanents, de la classe moyenne, qui ont tout investi pour se créer un chez-soi.

Le président précise: « Nous ne nous battons pas contre l’industrie forestière, mais contre la manière de planifier les coupes. On mérite que le gouvernement s’occupe de nous. Il y a même une maison qui serait située à 15 mètres des coupes. Le Ministère est redevable! Il y a des endroits où il ne faut tout simplement pas faire de coupes, le problème est l’ensemble du projet prévu. »

La mairesse est derrière les citoyens

La mairesse de Chertsey, Michelle Joly, soutient l’Association des propriétaires du Domaine des Chutes dans ses revendications. En entrevue avec L’Action, elle souligne que le gouvernement octroie des lieux d’approvisionnement dans des endroits qui ne sont aucunement propices aux coupes forestières et trop près de sites récréotouristiques.

« Les cartes indiquent des secteurs (le ruisseau Ulric) qui auraient une incidence sur le barrage du lac Monahan et les infrastructures municipales. Des coupes en amont auront inévitablement des conséquences en aval et notamment vers Grande-Vallée où ce sont sept lacs qui se jettent les uns dans les autres. Le Ministère n’est pas en mesure de confirmer que le débit d’eau n’augmentera pas de plus de 50 %. »

Pour Mme Joly, il est toujours possible de faire en sorte que les plans d’approvisionnement du Ministère changent. Elle souligne toutefois que les forestiers aussi sont inquiets et que le blocus au Kilomètre 60 par les Atikamekw pour empêcher les forestières d’aller chercher du bois sur leur territoire ancestral a fait en sorte que les coupes ont dû être réparties ailleurs.

Réponse du MRNF

Invité à réagir, le Ministère a laissé savoir, via son service des communications, qu’il planifie ses secteurs d’intervention potentiels à l’intérieur des superficies destinées à l’aménagement forestier et considérées pour l’octroi des volumes de bois en garanties d’approvisionnement pour les usines de transformation du bois présentes sur le territoire régional. 

« À l’heure actuelle, les secteurs d’intervention potentiels ont été présentés à la consultation publique qui a eu lieu du 15 mars au 9 avril 2024. La planification de l’aménagement forestier n’est donc pas finement définie à ce stade et est appelée à être modifiée en fonction des commentaires reçus et des informations qui seront recueillies au cours des autres étapes de planification et d’harmonisation des usages. Les équipes du MRNF poursuivent leurs échanges avec les parties prenantes dans le cadre de l’analyse du dossier et s’assureront d’avoir l’ensemble des informations requises avant de finaliser la planification forestière, dans le respect du cadre légal et réglementaire en vigueur. Aucune date de coupe n’est actuellement définie. »

 

Arthur Sandborn et Céline Picard

©Photo Élise Brouillette - L'Action

Céline Picard et Arthur Sandborn jugent impensable le fait de réaliser des coupes dans ce secteur.

Domaine des Chutes Lac Monahan

©Photo Élise Brouillette - L'Action

Le lac Monahan avec, à l'arrière, le secteur visé par les coupes.

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