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11 septembre 2024

Jason Joly - jjoly@medialo.ca

Une expérience enrichissante au pénitencier pour une Lanaudoise

Bénévolat

Pénitencier

©Jason Joly - L'Action

Le Comité consultatif de citoyens, dans lequel Édith Lafontaine travaille comme bénévole, sert d’intermédiaire entre le Service correctionnel du Canada et les employés ou résidents du pénitencier de Joliette.

Alors qu’elle est membre depuis un an du Comité consultatif de citoyens (CCC) de l’Établissement Joliette, Édith Lafontaine, résidente de Saint-Lin-Laurentides, a eu la chance de passer un avant-midi du 15 mars dernier avec un intervenant de première ligne (IPL). Cette expérience lui a permis de voir le rôle des employés du pénitencier et le quotidien des détenues sous un autre jour.

Au sein du Comité, Mme Lafontaine observe les activités du Service correctionnel du Canada, fait des recommandations et assure la liaison entre les intervenants, les citoyens et la population carcérale). Pour avoir une meilleure idée du travail des IPL, elle a décidé d’en suivre un dans sa routine.

Au matin du 15 mars, elle s’est donc présentée à l’heure d’arrivée habituelle des intervenants, soit 7 h. Après avoir signé le registre des visiteurs et être passée au détecteur de métaux et au Ionscan, qui est un appareil servant à détecter les traces d'explosifs et de stupéfiants, la bénévole et son collègue se sont rendus à la salle commune des IPL.

À 7 h 30, ils ont reçu un compte-rendu des événements qui se sont déroulés au cours des dernières heures ainsi que sur les particularités à surveiller. Édith Lafontaine est aussi informée sur l’établissement en lui-même et sur ses différents secteurs. L’intervenant en première ligne qui l’accompagne lui résume également son rôle, qui va bien au-delà que d’assurer la sécurité des lieux. « L’IPL accompagne les détenues et les aide à gérer les défis du quotidien. Il est là pour elles et les soutient dans leurs démarches de réinsertion dans la société », résume-t-elle.

Découvrir les méandres du pénitencier

Une fois le fonctionnement de l’institution compris, Mme Lafontaine et son partenaire ont pu amorcer leur ronde. Leur surveillance a commencé dans la section de la sécurité maximum, qui est séparée en quatre ailes. La bénévole a remarqué qu’une salle à manger se trouve dans chacune d’elles. Un espace commun est aussi accessible, mais il ne peut toutefois pas être fréquenté par toutes les détenues au même moment. En effet, les intervenants doivent faire ce qui est communément appelé dans le jargon carcéral de la « gestion des antagonistes » puisque des rivalités entre certaines peuvent entrainer des disputes non désirées. « J’ai demandé à mon guide ce que les femmes détenues font de leur temps. En fait, elles peuvent travailler dans différents secteurs, étudier ou encore être chômeuses volontaires. »

Puis, une fois la visite autorisée, Édith Lafontaine et son collègue se sont déplacés vers l’Unité d’intervention structurée. Les détenues y sont transférées dans le cas où elles ne peuvent être prises en charge de manière sécuritaire ou pour leur propre sécurité. « L’atmosphère y est triste. Mon accompagnateur m’a expliqué que ces cellules constituent le dernier recours. Il m’a dit qu’il trouve cela dommage lorsqu’une personne y est emmenée, car c’est synonyme de conséquence et qu’on ne veut jamais atteindre ce stade », se rappelle la bénévole. Celle-ci informe toutefois que ces cellules sont utilisées en dernier recours, en plus d’être soumises à des réglementations et à des protocoles selon la loi.

À la rencontre des détenues

Pour la suite de sa ronde, Mme Lafontaine a pu faire la rencontre de quelques femmes qui travaillaient dans la salle de couture aménagée pour elles. Grâce à l’organisme CORCAN, qui offre des services de formations et d’emplois dans différents secteurs pour les délinquantes, ces dernières apprennent à fabriquer des chandails pour les établissements fédéraux masculins et des oreillers pour l’armée canadienne.

« L’ambiance de travail est extraordinaire! Tout le monde semble heureux! L’intervenante qui était présente dans la salle m’a expliqué qu’il s’agit d’un premier emploi pour certaines. C’est peut-être aussi la première fois que les détenues sont valorisées pour leur travail » - Édith Lafontaine.

Celle-ci et l’IPL se sont ensuite déplacés vers l’épicerie, où les détenues peuvent s’acheter, grâce à la contribution de 70 $ qu’elles reçoivent chaque semaine, des ingrédients. L’intervenante qui s’occupe de l’épicerie achète en grosse quantité avant de séparer les denrées en petits formats pour avoir les meilleurs rapports qualité-prix. Contrairement à ce qui se fait dans les établissements pour hommes, au sein de celui de Joliette, la majorité des femmes préparent, de façon individuelle ou en groupe, leurs propres repas.

Une autre responsabilité des IPL est d’effectuer des vérifications du périmètre. Cela consiste à faire le tour de la cour et à s’assurer que les détenues ne flânent pas dans des endroits interdits. « Elles peuvent se promener dans certaines zones bien indiquées. On y trouve des tipis où des femmes autochtones peuvent se recueillir et où des activités sont organisées », raconte Édith Lafontaine. Cette dernière a ensuite pu voir son guide en action alors qu’il a reçu un appel concernant une détenue en détresse dans un parloir. « L’IPL a pris le temps de me présenter et a demandé à la détenue si je pouvais assister à l’intervention, ce qu’elle a accepté », ajoute la bénévole. La femme avait reçu une mauvaise nouvelle concernant sa famille. Après discussion, l’IPL et Mme Lafontaine ont pu l’escorter jusqu’au bureau des infirmières pour qu’elle soit prise en charge.

Assister à une fouille d’unités

De retour dans la salle commune des IPL, le plan de match a été donné afin de faire les fouilles de deux unités. Il existe différentes unités et chaque détenue est attribuée à l’une d’elles. Plus elles sont loin du bâtiment principal, plus le niveau de sécurité des unités augmente. Ainsi, comme le résume la bénévole, l’unité 6 contient un environnement de soutien accru, la 10 accueille les détenues ayant de plus longues sentences et la dernière unité est le milieu de vie structuré, pour les femmes ayant des problèmes de santé mentale. « Tous les mois, les unités sont fouillées afin de prévenir le trafic, la confection de produits de fermentation, etc. Les intervenants ont l’œil pour reconnaitre la différence entre la pomme pourrie et la fabrication d’alcool dans le frigidaire! », avoue Mme Lafontaine.

Pendant que les autres agents effectuaient les fouilles, la bénévole et son guide ont exécuté une ronde des unités. En faisant cette visite, ils ont pu s’assurer que les détenues étaient présentes et en sécurité, en plus d’identifier toute situation ou objet qui aurait pu affecter le bon déroulement du quotidien. Dans l’une des unités où l’équipe de fouille était en action, Édith Lafontaine rapporte que des intervenantes tentaient d’identifier un liquide transparent trouvé dans un pot de beurre d’arachide qui dégageait une forte odeur de Vicks. L’aide de Sam, le chien pisteur qui fait partie de l’escouade canine, a d’ailleurs été très utile. « Nous avons poursuivi notre ronde et j’ai remarqué que pratiquement toutes les détenues nous saluaient avec un grand sourire et étaient curieuses de savoir qui j’étais », se rappelle la Saint-Linoise.

En terminant son avant-midi, cette dernière a pu questionner l’IPL sur les défis de son métier. Il lui a expliqué que les agressions envers le personnel étaient en hausse. De plus, il souhaiterait que son département reçoive de l’aide et des outils de partenaires pour perfectionner des interventions plus complexes. Il a d’ailleurs donné comme exemple des cas d’hommes qui font la transition pour devenir des femmes, cette situation pouvant rendre certaines détenues inconfortables.

Avec cette expérience, Édith Lafontaine a pu observer de façon privilégiée le rôle des IPL et la grande aide qu’ils apportent à la population carcérale. « Il est difficile de reproduire avec exactitude les défis de la vie auxquels les détenues auront à faire face à l’extérieur, mais je vois que des gens compétents partagent leur savoir-faire afin qu’elles puissent acquérir les outils nécessaires pour leur réinsertion sociale. »

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