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02 juillet 2024

Jason Joly - jjoly@medialo.ca

Des médecins s’impatientent dans le dossier des demandes anticipées

Aide médicale à mourir

Aide médicale à mourir

©Depositphoto – wavebreakmedia - L'Action

Médecins, politiciens et organismes unissent leur force pour que le Code criminel du Canada soit changé et que les demandes anticipées d’AMM soient acceptées.

Alors que des députés locaux travaillent d’arrache-pied pour convaincre le gouvernement fédéral d’autoriser les demandes anticipées d’aide médicale à mourir (AMM) pour les personnes atteintes de problèmes neurodégénératifs cognitifs, des médecins appuient aussi leurs efforts. Deux d’entre eux ont accepté de s’entretenir avec L’Action pour démystifier ce choix et dénoncer les conséquences que les professionnels pourraient avoir alors que les lois canadiennes et québécoises ne s’entendent pas sur l’enjeu des demandes anticipées.

Depuis près de 10 ans, les Québécois aux prises avec une maladie ou une problématique qui annonce un décès imminent peuvent demander l’aide médicale à mourir. En plus d’être majeurs et d’être assurés au sens de la Loi sur l’assurance maladie, les patients doivent être atteints d’une maladie incurable qui entraine un déclin irréversible de la santé, d’une déficience physique incapacitante ou ils doivent éprouver des souffrances physiques ou psychiques persistantes et insupportables. Le dernier et le plus important des points est que le demandeur doit être apte à consentir aux soins. Il doit donc être en mesure de comprendre tous les renseignements transmis par les professionnels de la santé concernant l'AMM et prendre ses propres décisions sur le sujet. Si tel est le cas, il peut signer une demande, en compagnie d’un professionnel de la santé et d’une personne témoin. Le dossier sera ensuite évalué par un médecin ou une infirmière spécialisée qui travaille dans l’AMM.

Les docteurs Georges L’Espérance et Claude St-Laurent œuvrent tous deux dans ce domaine. Depuis le début de sa carrière de neurochirurgien, M. L’Espérance s’est dit interpellé par les questions de fin de vie et de détériorations cognitives des individus. Bien qu’il soit maintenant retraité, il est président de l’Association québécoise pour le droit de mourir dans la dignité (AQDMD) et est prestataire d’aide médicale à mourir pour le CIUSSS de l’est de Montréal. Quant à M. St-Laurent, il a fait le grand saut dans le domaine de l’AMM il y a sept ans de cela, accumulant 700 évaluations durant ces années. Bien qu’il travaille principalement dans le sud de Lanaudière, le fait qu’il réside à Berthierville lui permet d’accepter des rencontres dans le nord également. Au cours de sa carrière, il avait déjà été affecté au département des soins palliatifs, mais il a particulièrement apprécié le service d’AMM. « Quand j’ai fait ma première aide médicale à mourir, j’ai été tellement ravi de la douceur du décès. Avec toute la famille qui m’a fait part de son appréciation, c’était très valorisant », se rappelle le médecin. Il avait d’ailleurs planifié deux semaines de vacances après la procédure dans le cas où l’expérience l’aurait marqué : « Ça ne m’a pas ébranlé du tout, j’ai trouvé ça magnifique! »

Dr Georges L'Espérance

©Photo gracieuseté - L'Action

Le docteur Georges L'Espérance.

Des lois qui se contredisent

Plus récemment, la loi du Québec sur les soins de fin de vie a été modifiée pour permettre aux personnes ayant des maladies neurodégénératives, comme l’Alzheimer, de faire leur demande d’avance. Ainsi, comme le précise Georges L’Espérance, un patient qui sait que sa maladie lui posera problème dans un avenir indéterminé peut demander l’aide médicale présentement : « En d’autres mots, il fait la demande maintenant, alors qu’il est apte, pour plus tard lorsqu’il sera devenu inapte. »

Bien que cette mesure ait été ajoutée en juin 2023, elle n’est toujours pas en vigueur dans la pratique. Cependant, même si elle l’était, elle contreviendrait au Code criminel du Canada et pourrait donc mettre les médecins prestataires dans le tort. « Pour l’instant, les patients qui ont des pathologies de démence ne peuvent obtenir l’aide médicale s’ils sont devenus inaptes en vertu du Code criminel canadien, même s’ils peuvent l’obtenir avant, alors qu’ils sont encore aptes. Des médecins, organismes et groupes souhaitent qu'il soit modifié pour faire de la place aux demandes anticipées », souligne M. L’Espérance. Il rappelle d’ailleurs que la population est destinée à faire face à de plus en plus de cas de maladies neurodégénératives. Il rappelle que 88 % des Québécois sont en faveur du principe des demandes anticipées : « En d’autres termes, les gens ne veulent pas aller au bout d’une maladie qui va les entrainer dans un état détérioré. »

De son côté, le docteur St-Laurent déplore que les différences entre les lois canadiennes et québécoises compliquent grandement la tâche des médecins. Il ajoute donc sa voix à celle de son collègue pour que le Code criminel soit modifié et permette les demandes anticipées. Il observe que durant les années 70, les médecins québécois qui pratiquaient l’avortement étaient réprimandés pendant un temps avant que le pays décide de ne plus les poursuivre tant que les critères étaient respectés. « Est-ce que le Canada va faire la même chose pour l’AMM anticipée? On ne le sait pas. »

Selon les dernières nouvelles, le Québec espérait mettre en application les demandes anticipées d’aide médicale à mourir dès juin 2025, mais cette date pourrait ne pas être respectée si le Code criminel canadien n’est pas modifié.

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