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Retour19 juin 2024
Jason Joly - jjoly@medialo.ca
Un avenir incertain pour la caserne de pompiers de Saint-Damien
Recherche de solutions

©Photo gracieuseté - Carolane Brière - L'Action
Plusieurs Damiennois se sont regroupés pour se porter à la défense de la caserne.
Une crainte générale pèse à Saint-Damien alors que les citoyens s’inquiètent pour l’avenir de leur caserne de pompiers. Bien qu’une entente entre la Municipalité et celle de Sainte-Émélie-de-l’Énergie permettait le partage des services d’incendie, la fin de ce partenariat a été décrétée pour le 23 juin. En vue de cette date butoir qui arrive à grands pas, des propositions sont sur la table, mais aucune solution n’est pour l’instant assurée.
En place depuis plusieurs années, l’entente qui unissait le service d’incendie de Sainte-Émélie-de-l’Énergie et de Saint-Damien prendra fin incessamment. Au début du mois de mai, les pompiers du service d’incendie ont fait partie des premiers avertis. L’un d’eux a toutefois pris l’initiative de l’annoncer à d’autres citoyens et la nouvelle s’est propagée à travers le village. Le pompier lanceur d’alerte a par la suite été suspendu.
Plusieurs Damiennois inquiets ou indignés ont décidé de créer un regroupement. Une pétition a été mise en circulation, du 17 au 19 mai, et a récolté 800 signatures. Les résidents craignaient principalement de voir la caserne fermer et de ne plus avoir accès aux services de pompiers et de premiers répondants. Lors de la séance du conseil du 21 mai, le maire de Saint-Damien, Pierre Charbonneau, a abordé le dossier. Il a confirmé la fin de l’entente, avant d’apporter certaines nuances : « Aucune fermeture de caserne n’est prévue. Le service d’incendie va continuer de fonctionner après la date butoir. Cependant, des changements doivent être envisagés. » Il a d’ailleurs rappelé que la Municipalité était dans l’obligation de se doter d’une protection contre les incendies.
Le maire reconnait qu’un nouveau partenariat est souhaitable puisque les coûts pour financer des équipements et de la main-d’œuvre à temps plein sont très élevés : « Nous n’avons pas les moyens, nous, les petites municipalités, d’engager au minimum quatre pompiers à plein temps. » M. Charbonneau a déclaré qu’il était en contact avec des municipalités voisines afin de voir si une autre entente pouvait être instaurée. Au moment d’écrire ces lignes, des propositions avaient été reçues de la part de la MRC de D’Autray, de Saint-Félix-de-Valois et de Saint-Jean-de-Matha, mais aucune n’a été confirmée. « Les discussions sont positives, mais les élus doivent prendre connaissance de toute la complexité qui entoure la gestion d’un service d’incendie. Tout le monde doit être le mieux informé possible avant de prendre une décision qui va impacter l’ensemble des citoyens et leur mieux-être », informe-t-il.
Une distance qui pourrait être problématique
Malgré cette période d’informations, les inquiétudes des citoyens n’ont pas été calmées. « Au sein de notre regroupement, il n’y a personne qui soit vraiment rassuré, avoue Thibaut Quinchon, le porte-parole de ce collectif. On se retrouve toujours devant un discours général, alors que c’est le rôle de la Municipalité de répondre aux inquiétudes des citoyens. » Advenant un nouveau partenariat, la communauté redoute un déplacement des services de la caserne dans une autre municipalité, ce qui rendrait les temps d’interventions plus longs. M. Quinchon donne comme exemple le cas d’un incendie qui a eu lieu le 5 juin dernier : « Les pompiers de Saint-Damien étaient les premiers sur place et nous savons qu’un feu peut vite se propager. Nous avons peur de ne plus avoir accès à ce service et aux premiers répondants. »
Le doute se fait sentir même au sein du service de pompiers. L’un d’eux, qui a accepté de s’entretenir avec L’Action sous le couvert de l’anonymat par peur de perdre son poste, observe une ambiance « morose » à la caserne. Il était d’ailleurs présent lorsque la nouvelle de la fin de l’entente a été annoncée. « La face de tout le monde est tombée en croyant que la caserne allait être fermée. » Le pompier a été mis au courant de la proposition de collaboration avec la MRC de D’Autray, mais il partage l’avis que l’arrivée des interventionnistes ne serait pas aussi rapide. « Le poste de la MRC est loin et je trouve que ça met la vie des gens en danger », confie-t-il, avant d’ajouter que les résidents risqueraient aussi de payer un peu plus cher leurs assurances puisqu’ils n’habiteraient plus près d’une caserne.
Il est persuadé que même après la date du 23 juin, les pompiers de Saint-Damien et de Sainte-Émélie-de-l’Énergie continueront de s’entraider au besoin, mais il s’interroge tout de même sur la suite des choses. Le pompier reconnait d’ailleurs que, à cause de la situation et du climat actuels, il se questionne sérieusement à poursuivre sa carrière, révélant ne plus avoir confiance en sa Municipalité.
Désir de transparence
Comme il leur a été promis, les résidents attendent la tenue d’une séance d’informations sur l’avancement du dossier. En plus d’espérer une date bientôt, Thibaut Quinchon souhaite plus de transparence de la part des élus et que l’avis des Damiennois soit pris en compte avant de prendre une décision. « La Municipalité nous a dit que c’était pour présenter la meilleure solution, mais nous demandons plutôt d’être consultés. Nous avons le sentiment qu’elle essaie de nous mettre devant le fait accompli. Elle ne veut pas communiquer et, de notre côté, nous avons de la difficulté à avoir confiance. »
M. Quinchon et les autres membres du mouvement ont l’impression que toutes les informations relatives à la fin de l’entente leur ont été communiquées seulement lorsque la grogne de la population s’est fait sentir. Ils se demandent même si une séance d’informations aurait malgré tout été planifiée par la Municipalité si le sujet n’avait pas fait autant de vagues : « C’est un sujet relativement sensible, on parle de la sécurité des gens! »
De son côté, Pierre Charbonneau assure vouloir travailler de concert avec la population et confie que la séance d’informations pourrait « probablement » avoir lieu en juillet. Cependant, puisque les discussions avec les potentiels partenaires n’en sont qu’à leur début, plusieurs questions n’ont pas encore été répondues. « Quand je vais avoir toute l’information, je vais la partager avec les résidents sans aucun problème. Je suis ouvert à la discussion et ils peuvent m’appeler en tout temps. Toutefois, la décision finale va appartenir aux élus », conclut-il.
Commentaires
19 juin 2024
Micheline Sylvestre
J'ai eu deux feux à la même maison malheureusement. La première fois les pompiers sont arrivés en 6 minutes environ. Ils ont sauvé la maison et j'ai pu la retrouver restaurée quelques mois plus tard. Un problème de conception de foyer était à l'origine. J'avais une magnifique maison de 1895, j'adorais ma maison et j'avais fait tous les travaux pour y être bien et heureuse. Noël 2016 un autre feu s'est déclaré au niveau du foyer, ce n'était pas du tout le même, une autre malchance. En quelques minutes le chef pompier est arrivé 5-6 minutes et toute la caserne s'est activé. Ils n'ont pas sauvé ma maison cette fois mais ils ont sauvé beaucoup d'effets personnels à cause de la vitesse d'exécution et la promptitude des équipes car d'autres municipalités sont venues en renfort, Saint-Gabriel, Ste-Émilie et Saint-Jean de Matha. Il faudrait confirmer çar j'étais à l'hôpital. Donc il est évident que la proximité de la caserne a joué en ma faveur. Je peux m'imaginer que ma maison aurait brûlé la première fois sans ce service d'incendie directement dans ma municipalité. Je demande des explications claires et limpides sur les démarches enclenchées pour s'assurer que la sécurité des citoyens sera à la même hauteur et que l'on puisse imaginer que dans l'avenir d'autres résidences seront sauvées le plus rapidement possible. Je n'étais pas à la rencontre hier à cause d'engagement ailleurs.