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18 juin 2024

Mélissa Blouin - mblouin@medialo.ca

« C’est un espace de guérison, de compréhension et de réconciliation »

Mikinakw

Mikinakw

©(Photo Médialo- Mélissa Blouin)

Luc Parlavecchio et Jennifer Brazeau.

Le Centre d’amitié autochtone de Lanaudière (CAAL) a procédé à l’inauguration de la toute première clinique mobile par et pour les Autochtones le 13 juin dernier. Cette initiative innovatrice et unique au Québec permettra de mieux répondre aux enjeux en matière de santé, d’intervention et d’éducation de la communauté autochtone de Lanaudière. 

« Nous sommes vraiment fiers! Non pas parce que nous sommes les premiers, mais parce que nous démontrons que c’est possible! Nous espérons que cela contaminera des gens et qu’ils auront aussi envie d’avoir leur propre clinique », a déclaré le directeur du département Mirerimowin (santé, éducation et interventions sociales) au CAAL, Luc Parlavecchio.   

La clinique mobile Mikinakw s’installera, dès le 20 juin, dans divers lieux publics à proximité des quartiers avec une forte population de familles autochtones, de Saint-Michel-des-Saints jusqu’au sud de Lanaudière. L’objectif étant d’aller à la rencontre d’Autochtones qui n’ont pas nécessairement le réflexe de fréquenter le CAAL.  

Des soins médicaux pourront être offerts aux personnes en situation d’isolement. En effet, une salle d’examen, dans laquelle peuvent notamment être effectués des prises de sang, des prélèvements et des dépistages, se trouve à l’arrière de la caravane.  

« C’est vraiment excitant d’avoir mon bureau! Je me rendais déjà chez les gens, mais parfois il me manquait des outils. Maintenant, j’aurai tout à proximité, ce sera facilitant », a mentionné Elena Tremblay, infirmière au CAAL, qui œuvrera au sein de la clinique mobile. Celle-ci a même choisi de se consacrer à cette tâche à temps plein. « Je trouve ça tellement stimulant d’être à proximité des gens et de pouvoir les aider encore plus! » 

Un espace de la clinique mobile a aussi été aménagé afin que des intervenants puissent faire du travail de proximité et créer des liens de confiance lors d’interventions individuelles. Ils pourront ainsi apporter du soutien aux personnes confrontées à des enjeux psychosociaux, comme la détresse psychologique.  

De plus, des services éducatifs par des orthophonistes, des éducatrices spécialisées, des orthopédagogues et des ergothérapeutes pourront être donnés à l’intérieur de la clinique pour assurer le développement optimal des jeunes. 

L’initiative répond aux problématiques d’éloignement des populations autochtones des services publics de santé et des services sociaux, exacerbées par la pandémie et la méfiance accrue envers les institutions publiques.  

« Je ressens un immense sentiment de fierté et beaucoup d’émotions de voir se concrétiser Mikinakw. C’est bien plus qu’un véhicule médical, c’est un espace de guérison, de compréhension et de réconciliation. C’est un lieu où la culture, la tradition et la modernité se rencontrent pour offrir des services adaptés à notre propre réalité. C’est un engagement profond envers la sécurisation culturelle dans le domaine de la santé », a mentionné la directrice générale du CAAL, Jennifer Brazeau.  

Mikinakw

©(Photo Médialo- Mélissa Blouin)

François St-Louis, Jennifer Brazeau, Ian Lafrenière, Pierre-Luc Bellerose et Robert Bibeau.

Le résultat d’un long processus 

Cette clinique mobile représente l’aboutissement de presque cinq ans de travail. Ne voulant pas laisser la communauté sans services, l’équipe du CAAL avait commencé, au début de la pandémie, à effectuer du travail de proximité et à se déplacer au sein des familles. Elle a ainsi pu rejoindre un plus grand nombre de membres. Puis, une clinique a ensuite été instaurée au cœur même du CAAL.  

C’est il y a environ deux ans que l’idée de développer une clinique mobile est survenue. « On se disait que ça nous permettrait d’aller chez les gens et d’éventuellement les ramener au CAAL, s’ils le souhaitent, ou de les accompagner dans l’institution de santé qui pourra les prendre en charge. Il est important de savoir qu’on ne cherche pas à remplacer le système médical, nous sommes un trait d’union à celui-ci», a expliqué M. Parlavecchio. 

Il a ajouté que la clinique du CAAL avait, au début, cinq visites par semaine et que maintenant, cela se chiffre à dix par jour. Il s’attend au même genre de progression avec la clinique mobile lorsque celle-ci sera davantage connue. « Nous allons prioriser Joliette au départ et nous rendre de temps en temps à Saint-Michel-des-Saints, mais lorsque sa popularité sera plus grande, nous irons dans tout Lanaudière, c’est notre objectif au cours des prochains mois. » 

Les membres de la communauté autochtone de toutes les tranches d’âge pourront utiliser gratuitement les services de la clinique mobile Mikinakw. Une planification des déplacements sera diffusée sur les réseaux sociaux du CAAL.  

Mikinakw

©(Photo Médialo- Mélissa Blouin)

Ian Lafrenière et Guy Niquay.

Sensibilisation et rapprochement 

« J’ai espoir que la clinique permettra aux Atikamekw d’accéder à des soins de santé sans crainte », a mentionné le ministre responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuit, Ian Lafrenière, qui était de passage à Joliette pour l’occasion.  

Ce dernier était d’ailleurs touché de voir autant de gens s’être déplacés pour assister à l’inauguration de la clinique, « Je suis tellement heureux de voir tous ces gens, autant Autochtones qu’Allochtones, pour moi ça représente un message fort et un signe de succès! » 

Il a également signifié, en entrevue avec L’Action, que le fait que cette première clinique soit à Joliette a une forte symbolique. « Il y a eu des événements horribles avec le décès de Joyce Echaquan, mais c’est aussi à Joliette que les belles choses ont commencé. La directrice générale du CISSS, Maryse Poupart, a fait des changements incroyables dans l'hôpital, dont l’embauche de Guy Niquay […] Je l’entends et je le vois le rapprochement, je sens que ça avance. Je ne dis pas que c'est parfait, mais nous sommes dans la bonne direction et aujourd’hui en est un bon exemple. » 

Le ministre a ajouté que la clinique mobile sera un bel outil de sensibilisation et de rapprochement puisque, lorsqu’elle circulera dans les municipalités, les Allochtones la verront et poseront des questions.  

Jennifer Brazeau a terminé en disant un grand « Kitci Mikwetc » à ceux qui ont cru en cette vision et qui ont contribué à la concrétiser, dont à EKM architecture et aux partenaires financiers, « merci de donner une belle visibilité à notre culture et notre héritage ». Avec un investissement initial de 300 000$ et des frais d’opération de 40 000$ par an, la clinique mobile a été rendue possible notamment grâce au Regroupement des centres d’amitié autochtone du Québec (RCAAQ) et l’Association nationale des centres d’amitiés autochtones (ANCAA). 

« L’arrivée de la clinique mobile représente une grande avancée pour les membres issus des communautés autochtones qui pourront bénéficier d'un accès à des soins de santé qui seront adaptés culturellement » — François St-Louis, député de Joliette. 

Mikinakw

©(Photo Médialo- Mélissa Blouin)

L’infirmière Elena Tremblay au coeur de la salle d'examen mobile.

« Cette initiative historique représente un véritable progrès dans le domaine de la santé publique en répondant à un besoin criant. Cette clinique mobile est un symbole d'espoir et je suis convaincu qu'elle aura un impact positif significatif sur le mieux-être de la population autochtone de Lanaudière » — Pierre-Luc Bellerose, maire de Joliette. 

Une forte symbolique 

L’extérieur de la clinique mobile est une œuvre de l’artiste Eruoma Awashish réalisée avec huit jeunes qui fréquentent le CAAL. La tortue, qui est représentée par le nom et le visuel de la clinique mobile, a une forte signification dans la spiritualité autochtone. « C’est un symbole de sagesse, de résilience et de connexion profonde avec la Terre-Mère et nos ancêtres. En choisissant cette représentation, nous affirmons notre attachement à nos racines, à notre histoire et à notre avenir en tant que peuple autochtone », a terminé Mme Brazeau. 

Mikinakw

©(Photo Médialo- Mélissa Blouin)

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