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Retour29 novembre 2023
Jason Joly - jjoly@medialo.ca
Des résidents de Base-de-Roc et du Vieux-Moulin souhaitent retrouver une quiétude
Plainte contre le bruit
©Jason Joly
Une plainte a officiellement été déposée et une enquête est en cours concernant les problèmes de bruit occasionnés par les événements organisés à La Distinction.
Disant endurer la situation depuis de trop nombreuses années, des dizaines de résidents des quartiers du Vieux-Moulin et Base-de-Roc à Joliette ont décidé de dénoncer le bruit causé par l’animation des événements organisés à La Distinction. Lors de la séance municipale du 2 octobre 2023, ils sont venus déposer une pétition devant le conseil dans l’espoir que celui-ci prenne action et que l’entreprise événementielle se conforme aux règlements sur les nuisances de la ville.
« La musique est un inconvénient normal, mais l’animation et les cris perturbent la qualité de vie dans les deux quartiers », déclare l’un des résidents signataires, qui demande à garder l’anonymat par peur de représailles. Il affirme que bien que la situation perdure depuis plus longtemps, des démarches ont été entamées par les citoyens à l’automne 2021 en informant la Ville du bruit. Celle-ci aurait alors communiqué avec La Distinction, mais, ne voyant pas d’amélioration, les citoyens ont refait une demande d’intervention un mois plus tard. « La Ville nous a dit qu’il fallait appeler la Sûreté du Québec pour se plaindre du bruit. Donc, tous les gens appelaient la police, ce qui a nécessité plus de 20 déplacements de la SQ, entre 2022 et 2023, pour aller sur le site de La Distinction », rapporte le résident.
Cette saison estivale aura toutefois été plus bruyante qu’à l’habitude. En juin, des bals de finissants ont été organisés et des témoins indiquent que plusieurs jeunes faisaient rugir leur moteur avant de partir. Pour les résidents, le sommeil est fortement impacté puisque les nuisances continuent jusqu’aux petites heures du matin. « Le Festival de Lanaudière est notre période de repos puisqu’on ne l’entend pas. Après, par contre, ça recommence », remarque le Joliettain. En septembre 2023, des tests pour calculer l’intensité du bruit ont été exécutés dans les quartiers touchés par la problématique. « Des personnes qui ont assisté aux tests m’ont dit que le son était de 55 décibels à 300 mètres du chapiteau. Nous, nous sommes à 200 mètres de distance », rapporte le résident.
Des interventions mais pas de constat d’infraction
Les citoyens ont commenté dans leur pétition qu’ils trouvaient désolante l’inaction de la Ville de Joliette et de La Distinction pour réduire considérablement le bruit. Ils espèrent surtout que des mesures soient prises afin de faire respecter le règlement 80-2008 sur la paix et l’ordre. Ils tiennent aussi à ce que la Ville exige « une réduction significative du bruit par tous les moyens nécessaires et que des normes de bruit mesurables soient établies afin de fixer les limites de l’acceptabilité ».
En entrevue avec L’Action, le maire de Joliette, Pierre-Luc Bellerose, affirme avoir été mis au courant de cette problématique et a communiqué avec le propriétaire de l’entreprise. « Ce n’est pas une situation exceptionnelle dans le sens où nous avons des plaintes de nuisance de tout acabit », avoue-t-il. Ce sont les agents municipaux ou les policiers qui ont le pouvoir de faire appliquer le règlement, mais M. Bellerose explique que la plupart des plaintes se font en dehors des heures d’ouverture de la mairie. En effet, en soirée ou durant la nuit, les résidents doivent directement appeler la police. « Les pouvoirs policiers lors de plaintes de bruit sont de faire cesser l’infraction et d’appliquer les règlements municipaux lorsqu’applicables. Il y a possibilité de donner un constat d’infraction si un ou des citoyens s’impliquent comme plaignants. Ils doivent alors fournir une déclaration écrite aux policiers », rappelle la porte-parole pour la Sûreté du Québec dans Lanaudière, la sergente Éloïse Cossette. Cette dernière ajoute « qu’il y a eu trois cartes d’appel ouvertes en sept mois concernant des plaintes de bruit dans le secteur entourant La Distinction et qu’aucun constat d’infraction n’a été donné ». Selon les informations reçues par le résident, c’est l’absence du propriétaire le soir qui empêchait l’émission d’un constat : « La Sûreté nous a dit qu’elle était un peu démunie, puisqu’elle se déplace et rencontre des gens qui ne sont pas des responsables. » Ainsi, une plainte officielle a été déposée cette année par un Joliettain. Une enquête est en cours et la police a demandé à la cour municipale de donner un constat d’infraction à La Distinction. Toutefois, les résidents craignent qu’une simple amende soit imposée et que l’entreprise parvienne à la payer facilement sans pour autant améliorer la situation.
Puisque ce sont les agents de la Sûreté du Québec qui interviennent, la Ville n’est pas automatiquement mise au courant des interventions. « De mon côté, c’était la première fois cette année que j’ai été interpelé à ce sujet par le biais de la pétition. Par les années passées, ça s’est fait de façon plus anecdotique, mais c’est difficile pour moi de savoir si des gens ont appelé la SQ et si des actions ont été prises », reconnait le maire de Joliette. En ce qui concerne le dossier de La Distinction, Pierre-Luc Bellerose a remarqué un réel désir de collaboration de la part du propriétaire. Ce dernier aurait d’ailleurs admis avoir eu un problème avec l’équipement qu’il utilise lors de ses événements et qu’il prévoyait remédier à la situation. De son côté, la Ville est actuellement en réflexion pour tenter d’offrir un service en continu aux Joliettains. « Nous étudions présentement un scénario qui va permettre de bonifier la sécurité des citoyens et d’autre part de faire respecter la règlementation municipale au-delà des heures de l’hôtel de ville », lance M. Bellerose.
Un dossier à suivre
Contactée par le Journal, La Distinction n’a pas confirmé que l’un de ses équipements était défectueux, mais elle soutient avoir « immédiatement pris des mesures pour résoudre la situation » : « Nous avons bien pris en compte les plaintes et avons agi en conséquence, car il est essentiel pour nous de maintenir une relation harmonieuse avec nos voisins ». L’entreprise dit aussi que les discussions avec la Ville et les citoyens ont porté fruit et que « la situation est réglée depuis plusieurs semaines ». Questionné sur le sujet, le résident admet que cela est difficile à dire puisque le chapiteau est démonté et n’accueillera plus d’événements. « Il faudra voir l’année prochaine ».
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