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Retour28 juin 2023
Marie-Christine Gaudreau - mcgaudreau@medialo.ca
Prolongement de l’autoroute 25 : le projet ne fait toujours pas l’unanimité
Environnement
©Photo gracieuseté - Mobilité 125
Ce printemps, les travaux de réaménagement de la route 125 à Sainte-Julienne (première phase du projet) reprenaient dans le but d'améliorer la fluidité de la circulation et la sécurité des usagers. Les phases subséquentes incluent un contournement de la municipalité de Sainte-Julienne et la construction d'une route nationale dans le prolongement de l'autoroute 25 entre Saint-Esprit et Sainte-Julienne.
Alors que le Sommet municipal 2023 – Lanaudière engagée pour l’environnement se terminait le 15 juin dernier, le Conseil régional de l’environnement de Lanaudière (CREL) et le groupe citoyen Sauvons la forêt du prolongement de l’autoroute 25 ont saisi l’occasion pour réitérer leur opposition au projet visant à améliorer la mobilité le long de la route 125, en construisant notamment un contournement de la municipalité de Sainte-Julienne et une route nationale dans le prolongement de l’autoroute 25.
Appuyés par plusieurs organisations nationales en environnement et en mobilité, le CREL ainsi que le groupe citoyen déplorent les effets négatifs irréversibles qu’est susceptible d’engendrer ce projet. Parmi les impacts néfastes répertoriés, les opposants citent la trajectoire de la route nationale qui traverserait deux écosystèmes forestiers exceptionnels, mettant ainsi en péril des espèces menacées et vulnérables. Ils nomment également la perte de qualité de vie et les risques pour la santé des résidents à proximité du projet. Ils y voient également une menace pour la vitalité économique des commerces, les productions agricoles et acéricoles ainsi qu’une incitation à la dépendance à la voiture. Le CREL et le groupe citoyen Sauvons la forêt du prolongement de l’autoroute 25 sont aussi d’avis que le prolongement de l’A25 pourrait se traduire, entre autres choses, par davantage d’îlots de chaleur et une augmentation de la congestion due au trafic induit. Ils attirent notamment l’attention sur les observations démontrant qu’en moyenne la congestion automobile revient en force pendant la décennie qui succède la fin de travaux d’augmentation de la capacité routière.
©Photo gracieuseté - CREL
Le groupe citoyen Sauvons la forêt du prolongement de l’autoroute 25 a réuni plus de 2200 personnes à l’aide d’une pétition s’opposant au projet.
Citoyens inquiets
Ces inquiétudes, ce ne sont pas moins de 2272 personnes qui les partagent. En effet, ce nombre représente les signataires d’une pétition mise en ligne par le groupe citoyen Sauvons la forêt du prolongement de l’autoroute 25, chapeauté par une résidente de Sainte-Julienne, Shanie Gauthier. Ce regroupement prône plutôt des solutions alternatives au prolongement de l’autoroute telles que le réaménagement de la route 125; l’ajout de lumières synchronisées ou de carrefours giratoires; l’ajout d’une grande piste cyclable et piétonne avec des aménagements; l’ajout d’un service de transport en commun efficace avec des horaires variés qui permettrait de réellement envisager le transport en commun comme premier moyen de transport; et les investissements dans le covoiturage.
Pour toutes ces raisons, ils appellent les acteurs impliqués à renoncer au projet de prolongement de l’A25, qui va, selon les groupes en environnement, à l’encontre des principes évoqués dans la Déclaration lanaudoise pour l’environnement, pour se tourner vers des options de mobilité durable.
Appel au dialogue respectueux
Interpellé par la campagne menée par le CREL et le groupe citoyen, le forum Mobilité 125 a tenu à intervenir dans le débat, en appelant plus précisément à un dialogue respectueux entre régions et villes dans la lutte aux changements climatiques. Dans une lettre ouverte co-signée avec huit autres maires et mairesses, le maire de Rawdon, Raymond Rougeau, dénonce le message blessant et réducteur véhiculé par ces groupes et décrivant les municipalités défendant le prolongement comme « des villes de fin de semaine sans vie communautaire ni systèmes de solidarité ».
Les élus soutiennent que la nouvelle infrastructure soit devenue nécessaire pour absorber l’afflux de véhicules qui transitent quotidiennement sur la route 125, et particulièrement les fins de semaine. « Jusqu’à 20 000 véhicules par jour empruntent une route de campagne sur laquelle de nombreux commerces de proximité, résidences et entreprises agricoles cohabitent dangereusement. La configuration actuelle de la route 125 ne permet pas d’aménagement sécuritaire et un élargissement toucherait obligatoirement aux terres agricoles. Les Mairesses et Maires ne souhaitent pas utiliser des espaces verts et agricoles pour corriger cette situation, mais il n’existe malheureusement pas d’autres issues », peut-on lire dans la lettre, qui souligne également que les « solutions qui s’appliquent facilement en ville ne le sont pas en région ».
©Photo archives
Germain Majeau, maire de Saint-Esprit et porte-parole du forum Mobilité 125.
L’environnement au cœur des décisions
Questionné par L’Express Montcalm, le maire de Saint-Esprit et porte-parole de Mobilité 125, Germain Majeau, a assuré que les enjeux de mobilité durable et de protection de l’environnement font partie de toutes les discussions entourant le projet de prolongement de l’autoroute 25. « Nous sommes conscients que la plantation d’érables est nécessaire. Nous allons planter de nouveaux arbres pour ceux qui seront coupés et nous demandons aussi l’implantation d’une piste cyclable », a-t-il précisé.
Le porte-parole précise par ailleurs que le modèle de route nationale retenu pour le projet réduit considérablement l’impact sur les terres agricoles en nécessitant une emprise moins large que le modèle à voies doubles divisées par un terre-plein. « Nous ne sommes pas contre les opposants, insiste néanmoins M. Majeau. Il faut les écouter. Ils nous permettent de réfléchir et d’avancer ensemble pour trouver la meilleure solution possible. » Une rencontre doit d’ailleurs avoir lieu le 4 juillet prochain entre Mobilité 125 et le CREL.
Quant à l’idée de faire avorter le projet, le porte-parole est catégorique : celui-ci est nécessaire. « Le trafic est incroyable; il faut le vivre pour comprendre », ajoute-t-il. Mais par-dessus tout, c’est l’enjeu de sécurité qui justifie le plus sa réalisation : « les gens deviennent impatients et le risque d’accident augmente. »
Rappelons que le projet prévoyant un prolongement de l’A-25 d’environ 9 km entre Saint-Esprit et Sainte-Julienne en est maintenant à la réalisation de la phase 1, consistant à l’amélioration de la route 125 dans la municipalité de
Sainte-Julienne. La reprogrammation complète des feux de circulation, l’ajout de voies exclusives de virage à gauche à certaines approches et l’aménagement de traverses piétonnes sont inclus dans cette phase.
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