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Retour11 octobre 2022
Jason Joly - jjoly@medialo.ca
Le maire de Joliette souhaite que l’appel de candidatures soit annulé
Desserte universitaire dans Lanaudière
©Jason Joly - L'Action
Pierre-Luc Bellerose aimerait que le CRUL mette fin à cet appel de candidatures afin de préciser les critères du projet.
Le Centre régional universitaire de Lanaudière (CRUL) a lancé un appel de candidatures auprès des villes intéressées à accueillir un campus universitaire sur leur territoire. Ces inscriptions arrivent désormais à terme, mais un flou persiste alors que des municipalités se questionnent sur les critères demandés pour ce projet. Ainsi, dans le but de clarifier le tout, le maire de Joliette, Pierre-Luc Bellerose, est d’avis que l’appel de candidatures devrait être annulé.
Depuis maintenant plus d’un mois, les maires des grands centres de Lanaudière travaillent à remplir leur rapport afin de convaincre le CRUL que leur ville est la candidate parfaite pour y aménager un campus universitaire. Comme ses collègues, Pierre-Luc Bellerose a pris connaissance de cet avis qui explique que les candidatures seront évaluées selon cinq créneaux, soit le transport routier, le contexte socioéconomique, le portrait et la planification du territoire, les infrastructures et les services ainsi que l’implantation du campus. Le maire s’avoue perplexe de voir que le document ne tient qu’à six pages : « C’est un projet qui est quand même d’envergure ».
Toutefois, ce que M. Bellerose déplore particulièrement est le manque de précisions des différents critères. Il se questionne entre autres sur ce en quoi consistera le campus, sur la superficie nécessaire et sur les coûts qui devront être investis dans ce projet. « On parle de potentiels agrandissements alors que nous n’avons même pas les données sur ce qu’on attend du projet », remarque le maire. Ce dernier rappelle d’ailleurs que le premier ministre et député de l’Assomption, François Legault, s’était prononcé sur le dossier. En effet, M. Legault a indiqué vouloir « mettre l’argent dans les professeurs, pas dans le béton ». Il souhaiterait plutôt que les cours soient donnés dans des locaux déjà existants au sein des différentes villes de la région, ce qui éviterait de créer une guerre entre les grands centres lanaudois.
Confiant être d’accord avec le premier ministre, Pierre-Luc Bellerose aimerait donc que le CRUL mette fin à cet appel de candidatures afin de préciser les critères du projet.
Démarches illégales
Le maire de Joliette se dit inquiet sur plusieurs points dans ce processus. D’abord, il faut savoir que les candidatures seront analysées par le Groupe DDM qui choisira ensuite l’endroit qu’il considère comme adéquat pour accueillir la nouvelle desserte. M. Bellerose trouve dommage que ce groupe sélectionnera les soumissionnaires intéressants alors que les autres ignoreront les raisons pour lesquelles leur secteur aura été refusé : « Pourquoi ne pas nous dire d’emblée les raisons, les critères et la pondération? À ce moment, nous allons être en mesure de déterminer si nous avons des chances ou non. » Questionné sur le sujet, le directeur général par intérim du CRUL, Alex Gagné, souligne que l’objectif de cet appel n’est pas de déterminer les caractéristiques du campus comme sa superficie ou son nombre de locaux, mais plutôt de connaitre les différentes villes et les services qu’elles offrent. « Nous voulons savoir où le campus devrait être implanté pour offrir le meilleur milieu de vie aux étudiants », dit-il avant d’ajouter que c’est en discussion avec le gouvernement et les universités que se décideront par la suite les détails précis du projet.
Le maire de Joliette s’interroge tout de même sur la légalité de ces démarches : « Je n’ai jamais vu ça. » L’élu dit avoir l’impression que cet appel de candidatures a été envoyé par le CRUL alors que l’organisation semble avoir déjà en tête un lieu pour l’aménagement de la desserte universitaire. De plus, pendant la campagne électorale, le ministre de l’Économie et député de Terrebonne, Pierre Fitzgibbon, a témoigné son désir de voir le campus être construit dans sa ville. « Nous avons une crainte que ce soit un processus bidon pour finalement venir confirmer ce choix qui est bien précis », souligne M. Bellerose. Alex Gagné garantit que le CRUL n’est impliqué dans aucune démarche décisive du projet et laissera la firme indépendante DDM sélectionner les meilleures candidates : « On va recevoir le rapport comme tout le monde et on va en prendre connaissance. Mais l’objectif est vraiment de rallier les villes avec cet appel ».
La maire assure vouloir lui aussi éviter que ce projet ne déclenche une guerre entre le nord et le sud de Lanaudière, mais il s’inquiète que les formations offertes par l’UQTR à Joliette, comme les BAC en sciences infirmières ou en administration, soient relocalisées dans ce nouveau campus. « Ça nous laisse présager que le jour où il y aura un campus à l’extérieur de Joliette, nos formations risque d’être rapatriées dans cette infrastructure qui a couté X millions de dollars. Au-delà de l’obtention d’un campus, c’est la perte de nos formations actuelles que nous craignons », déclare-t-il.
De son côté, le CRUL confirme que « l’appel de candidatures ne sera pas mis en pause et ne sera pas retardé davantage ». L’organisation a exécuté une tournée des six MRC de la région pour expliquer les démarches aux villes, mais elle invite ces dernières à la contacter si elles ont besoin de précisions. « Je sais qu’il y a eu des critiques sur le nombre de pages, mais le but est de laisser les villes faire parler leur créativité », conclut le directeur général par intérim.
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