Agriculture
Retour10 août 2022
Élise Brouillette - ebrouillette@medialo.ca
Les baies d’argousier, une culture qui taille sa place
Sur la route des producteurs lanaudois
©Photo gracieuseté - L'Action
Les baies d’argousier se taillent une place de plus en plus importante dans l’alimentation des Québécois. Toutefois, leurs vertus demeurent encore méconnues. Pour des producteurs du nord de Lanaudière, il est important de faire connaître ce fruit aux propriétés infinies afin que les gens puissent venir en faire la cueillette et l’apprécier à sa juste valeur.
Lanaudière compte au moins trois producteurs de ces fruits, soit La Ferme Averell à Sainte-Béatrix, Lebel Argousier à Saint-Ambroise-de-Kildare et Les Vergers Acadia à Saint-Jacques. L’Action s’est entretenu avec eux afin d’en apprendre davantage au sujet de cette culture, de sa richesse et de ses défis.
Tous s’entendent pour dire que les baies orangées de l’argousier (un arbuste) comptent parmi les fruits les plus nutritifs et vitaminés de tout le règne végétal.
« La concentration en vitamine C des baies d’argousier est de 30 fois supérieure à celle de l’orange et ces fruits sont un excellent antioxydant. »
La Ferme Averell vous ouvre ses portes
Commençons la visite du côté de Sainte-Béatrix, où Isabelle Guinois et Guy Rousseau, de la Ferme Averell, ont choisi de donner naissance à leur entreprise. « On cherchait une terre adaptée pour l’argousier et les terres à tabac de Lanaudière sont vraiment parfaites. La terre nous a séduits en premier et ensuite l’endroit », explique Guy Rousseau, qui s’intéresse à l’argousier depuis 25 ans. Le couple est arrivé à Sainte-Béatrix en 2014 et les premiers plans, des cultivars (espèces) russes, ont été mis en terre en juin 2015. « On a eu plusieurs défis, des plants étaient contaminés. On a dû tout arracher et on a recommencé avec des cultivars russes, mais bouturés ici, au Québec, in vitro », dévoile le propriétaire de la ferme.
Depuis deux ans, la production est bien démarrée, tout comme l’autocueillette.
La Ferme Averell possède une argouseraie de 1900 arbustes de six espèces différentes : « L’idée est d’avoir plusieurs variétés pour échelonner la cueillette sur quelques semaines. » Pour la récolte, l’entreprise mise sur la cueillette manuelle des petits fruits et essentiellement sur l’autocueillette.
Ce sera le troisième été d’autocueillette de la Ferme Averell et Guy Rousseau constate que les gens connaissent de mieux en mieux le produit. « Au début, ils venaient par curiosité. Là, ils connaissent les propriétés du fruit et arrivent même avec des recettes en tête. »
Guy Rousseau souligne que les baies d’argousier doivent être ensachées et congelées dans les minutes ou les heures suivant la récolte. « Elles peuvent ensuite être maintenues congelées pendant deux ans. » Les baies surgelées sont vendues à la ferme toute l’année ou jusqu’à épuisement des stocks.
La cueillette des baies est déjà débutée à la ferme et elle se fait du jeudi au dimanche (information sur le site internet lafermeaverell.com).
Une entreprise à plus petite échelle
Continuons notre route jusqu’à Saint-Ambroise-de-Kildare où Josée Lebel, infirmière de profession, est également agricultrice à temps partiel et propriétaire de l’entreprise Lebel Argousier.
C’est après plusieurs consultations et des conseils que l’idée lui est venue d’essayer de cultiver l’argousier. « J’ai débuté avec une trentaine de plants en 2009. À l’époque, cultiver l’argousier était réellement marginal. Oui, c’était un peu fou, mais dans la vie, on a le droit d’essayer et le risque n’était pas énorme, avec seulement 30 plants. »
Par la suite, Josée Lebel a agrandi sa production, a fait ses propres boutures et aujourd’hui, ses quelque 500 argousiers sont répartis au sein de deux vergers. « Mon entreprise se veut artisanale », insiste-t-elle.
Chaque arbre produit de quatre à cinq kilos de fruits. Chez Lebel Argousier, une partie de la récolte est réalisée par Josée et ses proches et l’autre partie est effectuée en autocueillette, en égrainant les fruits. L’enseignement des bienfaits est aussi très important pour celle qui travaille dans le domaine de la santé et qui voulait développer une culture complémentaire à son métier.
Lebel Argousier propose des fruits congelés, du jus et de la tisane qu’il est possible de retrouver dans plusieurs points de vente. Pour Mme Lebel, les baies d’argousier viennent répondre au désir des gens qui recherchent des produits santé. « Moins le fruit est transformé, plus il conserve ses propriétés. »
Elle croit que les baies d’argousier sont définitivement un fruit qui reste à démystifier. « Ce n’est pas un fruit qui s’apprivoise facilement en raison de son goût aigre, mais il est riche en vitamine C et c’est un antioxydant. Tranquillement, il fait sa place, mais il y a encore du chemin à parcourir. Il faut en parler! »
Dépendamment de Dame Nature, la récolte chez Lebel Argousier commence habituellement autour du 20 août et se termine au plus tard à la fête du Travail. L’autocueillette se fait sur rendez-vous. Les personnes intéressées sont ainsi invitées à se tenir informées via la page Facebook ou le site de l’entreprise (lebelargousier.com).
Des clients fidèles
Du côté de Saint-Jacques, les Vergers Acadia, entreprise dirigée par France, Michel, Alexandre et Julie Robichaud, se sont également lancés dans la culture des argousiers.
En entrevue avec L’Action, France Robichaud raconte que la famille possédait des champs en grande culture et que leur garçon a manifesté le désir d’essayer de cultiver des vignes et de faire du vin.
« C’était un trop gros investissement, alors on s’est mis à faire des recherches et on est tombé sur l’argousier et toutes ses vertus. On a décidé de se lancer! »
Les Vergers Acadia sont constitués de deux parcelles qui possèdent chacune des cultivars différents, ce qui fait en sorte que la cueillette s’effectue en deux temps, soit au début du mois d’août et ensuite en septembre. La culture s’étend sur deux hectares et l’entreprise possède de 2500 à 3000 plants. La première vraie production a eu lieu en 2014.
Les baies d’argousier récoltées aux Vergers Acadia sont soit vendues congelées, à la ferme ou dans des points de vente, ou transformées en jus.
« L’année 2020 fut très productive avec trois tonnes de fruits récoltées. L’année 2021 fut plus tranquille. Cet été, on voit que les arbres sont très fournis en fruits alors on espère que la météo sera de notre côté. »
Aux Vergers Acadia, la cueillette se fait aussi manuellement, mais différemment. Ce sont les branches qui sont coupées et non pas seulement les baies qui sont égrainées. « On coupe les branches d’argousier et on les congèle de façon intacte dans de gros bacs. Par la suite, on traite les branches, on les passe dans l’effeuilleuse, on enlève les fruits et on les ensache dans des sacs de deux kilos qui demeurent au congélateur. »
Mme Robichaud mentionne que l’entreprise possède de nombreux clients fidèles qui passent s’approvisionner directement aux vergers. Elle souligne que les gens sont de plus en plus au fait des propriétés des baies d’argousier.
Les Vergers Acadia invitent également les personnes intéressées à venir faire de l’autocueillette de petits fruits. Il est possible de s’informer des dates via la page Facebook ou le site de l’entreprise (argousieracadia.ca). La cueillette commence habituellement vers le 7 août.
©Photo gracieuseté - L'Action
L’autocueillette des baies d’argousier commence ces jours-ci.
©Photo gracieuseté - L'Action
Josée Lebel de Saint-Ambroise-de-Kildare.
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La famille Robichaud de Saint-Jacques.
©Photo gracieuseté - L'Action
La Ferme Averell située à Sainte-Béatrix.
©Photo gracieuseté - L'Action
Chaque arbre produit de quatre à cinq kilos de fruits
©Photo gracieuseté - L'Action
Les baies d’argousier demeurent un fruit encore méconnu, malgré ses nombreuses vertus.
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