Culture
Retour15 juin 2022
Jason Joly - jjoly@medialo.ca
Les jeunes de Roland-Gauvreau choisissent d’écrire pour guérir
Lancement du livre Dans sa tête…
©Photo gracieuseté - L'Action
Les coordonnatrices des ateliers d’écriture, Géraldine Saucier et Charlie-Rose Pelletier.
Une centaine de jeunes de l’Auberge du cœur Roland-Gauvreau ont travaillé ensemble à la conception d’un livre intitulé Dans sa tête…. À travers des illustrations et des textes diversifiés, ils ont pu mettre en lumière leurs histoires et leurs difficultés dans le but de se vider le cœur et d’entamer une certaine guérison.
Le livre est le résultat de plusieurs ateliers artistiques créés à l’Auberge. Les coordonnatrices de ces activités, Géraldine Saucier et Charlie-Rose Pelletier, invitaient les jeunes à s’exprimer à travers l’écriture et divers autres exercices.
Une vingtaine d’activités ont été organisées en deux ans. Géraldine Saucier se rappelle que les jeunes étaient quelque peu réticents au début à l’idée de participer, craignant de ne pas avoir les capacités requises pour écrire des textes poussés. « Il y en a qui me disaient : Je ne suis pas poète! », se rappelle-t-elle.
Toutefois, l’artiste voulait particulièrement miser sur des ateliers avec un aspect ludique. Elle raconte qu’au cours de l’un d’eux, les jeunes sont allés prendre des photos à l’extérieur. Ensuite, ils étaient chargés d’écrire un petit texte sur l’objet qu’ils avaient photographié. Lors d’une autre activité, ils se sont amusés à dessiner en lançant des ballons de peinture sur un grand drap.
©Jason Joly - L'Action
Sylvain Daneault, le coordonnateur de l’Auberge du cœur Roland-Gauvreau, présente le livre Dans sa tête…
Sylvain Daneault, le coordonnateur de l’Auberge du cœur Roland-Gauvreau, tenait à conserver les textes rédigés par les participants lors des ateliers. « Il y a des jeunes dont on voit beaucoup la détresse à travers leur écriture et d’autres qui disent s’en être sortis », mentionne-t-il. C’est en discutant avec Mme Saucier que l’idée est apparue de regrouper la majorité du matériel écrit en un livre. Ce dernier contient les textes d’environ une quarantaine de jeunes, mais M. Daneault souligne que le nombre de participants s’élève plutôt à 100.
Pour le coordonnateur, l’initiative a permis de présenter ses bénéficiaires, mais aussi l’organisme lui-même qui fête bientôt ses 40 ans. « C’est l’un des plus beaux legs que nous pouvons laisser », indique Sylvain Daneault. Toutefois, il souligne que le but principal du projet était de donner une chance aux jeunes de s’exprimer « et de leur permettre de se guérir un peu ».
Exprimer sa détresse autrement
Un thème était consacré à chaque atelier pour guider les jeunes dans leur écriture. Ces derniers ont donc pu s’exprimer sur la famille, la dépendance et même l’Auberge, mais pour plusieurs, l’exercice n’était pas facile au premier abord. « Je n’étais pas très à l’aise », avoue Katherine qui, malgré sa gêne, a accepté de participer à quelques ateliers d’écriture et a pu voir deux de ses textes publiés dans le livre. Même si elle a apprécié l’expérience, elle a préféré ne pas signer son nom : « J’ai signé « Anonyme » parce que j’avais peur d’être jugée. » Toutefois, elle a vite remarqué une grande ouverture et un grand soutien de la part des autres participants.
Le constat est le même du côté de Mélodie : « Ç’a permis à plein de gens de se libérer. Les ateliers nous ont rapprochés. » La participante a renoué avec sa passion pour l’écriture grâce à ces ateliers. Elle reconnait qu’ils lui ont permis de se vider le cœur et de communiquer d’une façon par laquelle elle est à l’aise. « Je ne serais pas capable de dire ces choses-là verbalement », souligne-t-elle. Mélodie a réellement été motivée par ces activités et dévoile qu’elle est d’ailleurs en train de rédiger son propre recueil. En voyant le livre terminé et leurs textes publiés, les deux participantes se sont dit très fières de cet accomplissement.
Géraldine Saucier et Sylvain Daneault ont aussi vu le bien qu’ont apporté les ateliers auprès des jeunes. Mme Saucier se réjouit de voir que plusieurs participants ont pu se libérer d’un sentiment de honte et de tristesse en écrivant : « Certains m’avouaient que c’était la première fois qu’ils parlaient de cela ». Quant à M. Daneault, il a observé une nette amélioration des habitudes de plusieurs de ses bénéficiaires grâce aux activités artistiques. « Ils ont pu exprimer leur mal-être d’une autre façon que d’aller consommer ou que d’aller frapper quelqu’un », termine le coordonnateur.
Les livres Dans sa tête… sont disponibles à l’Auberge du cœur Roland-Gauvreau et à certaines bibliothèques, dont celle du Cégep à Joliette ainsi que celle de Rina-Lasnier.
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