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16 mars 2022

Jason Joly - jjoly@medialo.ca

La clinique de proximité répond à une demande constante

« Il y a un changement qui est en train de s’opérer »

Clinique de proximité

©Jason Joly - L'Action

Jennifer Brazeau, Eléna Tremblay et Luk Parlavecchio.

Depuis sa mise en activité en octobre 2020, la clinique de proximité du Centre d’amitié autochtone de Lanaudière (CAAL) ne cesse de gagner en popularité auprès de ses membres. La directrice générale, Jennifer Brazeau, souligne que l’approche holistique valorisée par les intervenants et la complémentarité qui existe entre le centre et les autres institutions médicales sont la clé de son succès.

La clinique de proximité se veut un lieu permettant aux membres de la communauté autochtone et à leur famille d’être traités dans un environnement où ils se sentiront à l’aise et soutenus. Son but, selon Luk Parlavecchio, coordonnateur de l’équipe d’intervention et superviseur clinique, est d’offrir un espace « sécurisant culturellement ». Ainsi, des Autochtones de tous âges peuvent prendre rendez-vous à la clinique afin d’y rencontrer une infirmière, qui est présente chaque mardi, ou encore un médecin qui rend visite à la clinique deux fois par mois.

Un large éventail de services y est accessible. En effet, non seulement les patients peuvent être soignés pour des problèmes médicaux, mais, si nécessaire, les intervenants n’hésitent pas à demander de l’aide auprès d’autres experts, comme des psychologues, ou d’institutions telles la DPJ. « D’être traité à part entière, je pense que c’est une approche qui serait bien pour tout le monde et non seulement pour les Autochtones », reconnait Mme Brazeau. Le centre considère même l’idée de faire appel à des soins plus traditionnels, soit par l’entremise d’un guérisseur ou encore d’une kukum, une grand-mère, qui apporterait plus de réconfort aux patients.

Le CAAL demande à l’infirmière et aux médecins de rester environ 30 minutes avec les patients pour développer des liens avec eux. « Ce n’est pas le nombre de patients auscultés qui importe, c’est surtout le nombre de ressources auxquelles ces patients ont eu accès », soutient Jennifer Brazeau. Cette méthode permet aussi aux professionnels de la santé de s’immerger dans la culture et la langue autochtone et donc de remettre en cause leurs idées préconçues. « En tant qu’être humain, nous avons tous des préjugés, mais, dans le cas de la clinique, les intervenants sont obligés de les remettre en question. Ça apporte une ouverture plus grande envers la communauté », reconnait Luk Parlavecchio.

Eléna Tremblay, l’infirmière de la clinique, soutient que la connexion entre elle et ses patients est très harmonieuse : « Je suis dans leur environnement, alors c’est rassurant. Je n’ai jamais senti qu’ils se sentaient jugés. » Elle constate que de plus en plus de gens viennent la voir et que la nouvelle de ses services se transmet de bouche à oreille. Elle est incapable de chiffrer le nombre de patients qu’elle rencontre puisqu’il arrive souvent que les membres d’une famille viennent en même temps. Elle assure toutefois que sa journée est toujours très chargée. Son expérience de travail au CLSC lui a permis d'intervenir pour différents problèmes. Toutefois, en cas de besoin, il lui est possible de communiquer avec des médecins ou des professionnels pour avoir leur avis sur la question. « Avec l’aide du docteur, du pharmacien et de tous les intervenants de la clinique, nous avons une bonne équipe pour offrir le service le plus rapidement possible », déclare Mme Tremblay.

Un meilleur accès aux soins

Même si l’idée de ce projet de clinique de proximité a été développée bien avant, le décès tragique de Joyce Echaquan a servi d’électrochocs dans la reconnaissance des problèmes d’accessibilité aux soins par les Autochtones. Non seulement ceux-ci n’avaient pas toujours facilement accès aux ressources nécessaires, mais Luk Parlavecchio ajoute que plusieurs se privaient d’aller dans les institutions médicales par crainte d’être victimes de préjugés et de racisme. « Il y a des parents qui hésitent à aller voir un docteur lorsque leur enfant a de l’eczéma puisqu’ils ont peur d’être accusés de négligence et d’être signalés à la DPJ », mentionne le superviseur clinique avant de souligner que ce problème de santé est génétique et donc fréquent au sein de la communauté.

Dans d’autres cas, la langue et des problèmes de communication entre les patients et les médecins pouvaient mener à des diagnostics loin de la réalité. M. Parlavecchio donne l’exemple d’un enfant autochtone ayant de la difficulté à parler français, puisqu’il ne s’agit pas de sa langue maternelle, et qui reçoit donc un diagnostic de trouble du spectre de l’autisme. Toutefois, au CAAL, lorsque l’enfant se retrouve avec d’autres membres de sa communauté et qu’il parvient à communiquer avec eux, l’avis des évaluateurs change complètement.

À la suite de l'événement entourant Mme Echaquan, plusieurs médecins se sont mobilisés pour offrir leur aide aux communautés, dont le docteur Samuel Boudreault qui a été l’un des premiers médecins à travailler à la clinique. Jennifer Brazeau croit que les changements qui ont été apportés au sein de la direction du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Lanaudière ont aussi permis à la clinique de recevoir les ressources nécessaires à son bon fonctionnement. « Nous sommes maintenant un corridor de services entre le réseau public et les membres de la communauté autochtone », indique la directrice du CAAL.

Ce dernier a d’ailleurs remarqué une amélioration dans la communication entre le centre et les différents services régionaux ou gouvernementaux. Les intervenants du CISSS de Lanaudière, de la DPJ et d’autres institutions contactent plus fréquemment le CAAL avant de parler aux patients. Leur but est d’avoir le plus d’informations possible afin d’offrir un meilleur accompagnement par la suite. « Nous avons eu du mal à installer cette complémentarité. Le milieu à Joliette me paraissait plutôt fermé, mais il y a un changement qui est en train de s’opérer », assure Luk Parlavecchio.

De plus, le Centre d’amitié autochtone de Lanaudière et le secteur de la santé et des services sociaux de Manawan sont en étroite communication. Ainsi, la clinique est informée lorsqu’un Atikamekw quitte la communauté pour venir se faire soigner à Joliette et, dans le cas contraire, Manawan est avertie du retour de l’un de ses membres en plus de sa situation médicale. « Nous voulons donc créer un continuum de services entre Manawan et le CAAL » déclare M. Parlavecchio.

Besoin d’espace

Grâce à un partenariat avec le CISSS de Lanaudière, le centre déménagera bientôt dans un nouveau bâtiment situé près de l’hôpital. Cet établissement, qui a bénéficié d’un investissement de 3,1 M$ provenant du gouvernement provincial, permettra à la clinique d’ouvrir une deuxième salle d’examen. Pour plusieurs raisons, entre autres l’augmentation du prix des ressources, la construction a dû être repoussée, mais l’aboutissement du projet commence à se concrétiser. « Nous sommes en train d’attendre certaines approbations, mais nous espérons soulever la première pelletée de terre cet été », termine Jennifer Brazeau.

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