29 octobre 2021

Élise Brouillette - ebrouillette@medialo.ca

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©Photo Élise Brouillette - L'Action

Farah Alibay souhaite transmettre le message aux jeunes qu’il est possible de réaliser ses rêves.

Visite attendue depuis longtemps, Farah Alibay était à Joliette le 25 octobre dernier. Ses rencontres avec des élèves du primaire et du secondaire ont été entremêlées d’une conférence qu’elle a adressée devant une assistance conquise d’avance, lors d’un dîner hors-série de la Chambre de commerce du Grand Joliette.

Farah Alibay est née à Saint-Charles-Borromée. Elle a passé son enfance et le début de son adolescence dans la région, fréquentant notamment l’École Christ-Roi et l’Académie Antoine-Manseau, avant de déménager en Angleterre en raison de l’emploi de son père, qui travaillait pour la Scott Paper Company. Elle a étudié à l’Université de Cambridge, a obtenu son doctorat en ingénierie des systèmes spatiaux au Massachussetts Institute of Technology (MIT) et a intégré un stage au Jet Propulsion Laboratory de la NASA où elle œuvre depuis. Elle a travaillé sur la mission InSight en 2018 et est ingénieure au sein de l’équipe de la mission Mars 2020 qui a envoyé sur la planète rouge l’astromobile Perseverance et l’hélicoptère Ingenuity.

Toutefois, l’ingénieure a précisé que lorsqu’on lui demande d’où elle vient, elle dit toujours qu’elle est Québécoise. « Mon cœur est ici, j’ai même encore mon accent joliettain! »

En entrevue avec les médias en marge du dîner, elle a ajouté que ses années passées dans la région ont été marquantes pour elle. « J’ai amené les gens de Joliette avec moi et ça me fait chaud au cœur que de leur côté, ils me suivent, ils étaient avec moi lors de l’atterrissage de Perseverance, je l’ai senti. »

Lors de sa conférence au Château Joliette, Farah Alibay a confié avoir grandi en rêvant des étoiles. Toutefois, en tant que femme venant d’une famille d’immigrants, elle ne savait pas s’il y avait une place pour elle dans ce milieu-là. Ce sont des personnalités comme Julie Payette qui l’ont inspirée à poursuivre son rêve.

Farah Alibay a raconté que lors de son premier stage à la NASA, elle a eu un coup de cœur. « Je savais que je voulais être de l’équipe qui allait fait atterrir le prochain robot sur Mars. »

Inspirer la jeunesse

Devenue un modèle pour la jeunesse d’aujourd’hui, l’ingénieure a déclaré qu’aller à la rencontre des élèves fait partie de la mission qu’elle s’est donnée.

« Les jeunes décrochent de la science à 8 ou 9 ans. Ça fait partie de ma mission de les encourager et de prendre du temps pour qu’ils aient des modèles. »

Elle souhaite aussi prendre la parole pour que les filles puissent rêver, comme elle, de faire carrière dans le domaine de l’aérospatial.

« En tant que femme racisée, j’ai souvent eu le sentiment de ne pas avoir ma place. À l’université, on était seulement 25 % de femmes. Je me retrouvais dans des salles où personne ne me ressemblait. »

Si la situation n’est pas parfaite, Farah Alibay mentionne que les problèmes sont maintenant reconnus et que le mouvement #MeToo a grandement aidé la cause.

« Je veux dire aux jeunes filles qu’on essaie de changer le monde pour elles et qu’il y a une place pour elles. »

Au-delà des jeunes, elle invite tout le monde à suivre son cœur. En réponse à une question de l’auditoire, elle a souligné qu’il n’est jamais trop tard pour un changement de carrière.

Personnellement, elle nourrit encore de nombreux projets et rêve d’un jour prendre part à une mission en tant qu’astronaute. « J’en ai toujours rêvé et j’en rêve encore! »

Ses missions

Lors du dîner conférence, Farah Alibay a abordé l’importance et le sens des missions sur Mars. Si InSight visait à comprendre la composition de l’intérieur de la planète, Mars 2020 tente d’aller encore plus loin et, à l’aide d’un astromobile doté de 27 caméras et de spectromètres, essaie de détecter des signes de vie antérieure.

« La planète Mars ressemblait beaucoup à la Terre. S’il y a de la vie sur Terre, est-ce possible qu’il y en ait eue sur Mars? La mission vise à chercher les signes de vie ancienne et, ultimement, à répondre aux questions : Est-ce qu’on est seul dans l’univers? Y-a-t-il de la vie ailleurs? L’univers est tellement grand, on n’est pas si spécial, il doit y avoir de la vie ailleurs. »

Les réponses ne viendront cependant pas demain, puisque le délai pour ramener les échantillons prélevés par le robot sera d’une dizaine d’années.

La mission Mars 2020 a également permis une autre avancée à laquelle Farah Alibay a directement pris part, celle de faire voler l’hélicoptère Ingenuity sur Mars. « Cela représentait une démonstration technologique, on ne savait pas si ça se pouvait. Il s’agit du début d’une possible exploration aérienne de Mars, mais aussi d’autres planètes. »

Malgré tout, Farah Alibay a mentionné que sa planète préférée demeure la Terre et que son travail, les missions et l’exploration lui en font apprécier la fragilité et la complexité.

Le 18 février 2021, alors que Perseverance s’est posé sur Mars, un grand exploit a été accompli et a marqué l’histoire. L’ingénieure convient qu’il s’agissait d’un grand rêve, mais ajoute que c’était aussi le début du travail. « Il y a tellement de choses à explorer, mais ça va demeurer un moment que je vais apprécier longtemps encore. »

La pandémie a permis de donner une signification particulière à l’atterrissage de Perseverance. « C’était spécial, parce que les gens avaient le temps de nous suivre à la maison ainsi que les jeunes dans les écoles. Ça nous a permis de vivre quelque chose tous ensemble en ces temps difficiles. »

Reconnaissances

Lors de son passage à Joliette, Farah Alibay a reçu plusieurs marques de reconnaissance.

Lors du dîner de la Chambre de commerce du Grand Joliette, la députée Véronique Hivon lui a décerné la Médaille de l’Assemblée nationale. « Merci pour la place que tu mets dans ton discours pour le rêve », a souligné la députée à Farah Alibay. Elle a salué son don de soi et sa générosité exceptionnelle en la remerciant de nous inspirer par son parcours tant académique, personnel, que scientifique.

Farah Alibay a également signé le Livre d’or de Joliette, en présence du maire et de certains membres du conseil municipal. Le Livre d’or de Joliette constitue un registre immortalisant les signatures de personnes honorées à l’hôtel de ville pour leur implication et leurs exploits. L’autographe de Farah Alibay consacre une page d’histoire et un moment de fierté dans la communauté. « Véritable ambassadrice locale, Farah Alibay insuffle à nos jeunes un puissant vent d’inspiration et de persévérance. Tant son parcours exemplaire que sa signature du Livre d’or resteront gravés dans la mémoire collective », souligne Pierre-Luc Bellerose, maire de Joliette.