Culture
Retour28 septembre 2017
Élise Brouillette - ebrouillette@medialo.ca
Michel Noël aborde un épisode cruel de l'histoire canadienne
Avec son roman « Le Pensionnat »

©(Photo TC Media - Élise Brouillette)
LITTÉRATURE. L'écrivain et ethnologue Michel Noël, de Saint-Damien, vient de publier le roman Le Pensionnat aux éditions Dominique et Compagnie.
Publié pour la première fois en 1998 aux éditions Michel Quintin en deux tomes, le livre est aujourd'hui republié en un seul volume bonifié, entre autres de sagesses amérindiennes et d'illustrations de Jacques Néwashish.
Michel Noël est d'origine métis. Il a vécu les 14 premières années de sa vie en milieu algonquin, dans la région de l'Abitibi.
« J'ai vu et j'ai vécu les traditions sur le territoire amérindien : les contes, les légendes, les lignes de trappe... », confie l'écrivain en entrevue avec l'Action.
Dans son roman Le Pensionnat, inspiré de faits réels, Michel Noël lève le voile sur une période sombre du pays, celle de jeunes amérindiens qui sont envoyés contre leur gré dans un pensionnat indien. Une histoire qui a été vécue par 150 000 jeunes autochtones.
En effet, à la fin du 19e siècle, avec la complicité des instances religieuses, le gouvernement fédéral canadien a créé de toutes pièces des pensionnats indiens à travers le pays, dans le but d'assimiler les Amérindiens et les Inuits et de, dénonce l'auteur, « dompter l'enfant sauvage ». Soulignons que cet épisode a été mis en lumière lors de lors de la remise du rapport final de la Commission de vérité et réconciliation du Canada.
« J'ai vu des amis partir, se souvient Michel Noël, moi je n'y suis pas allé parce qu'ils n'acceptaient pas les métis. » Il raconte que les enfants étaient littéralement kidnappés à leurs familles. À des parents qui, voyant les difficultés de vivre de la chasse et de la pêche, laissaient aller leurs enfants.
« Il y avait peu d'informations qui circulaient au fin fond de la forêt au sujet de ces institutions. Personne n'était vraiment au courant de ce qui s'y passait. Souvent, les parents ne savaient même pas où étaient leurs enfants. Ceux-ci ne revenaient pas tous comme promis. Plusieurs mouraient de maladies contagieuses. Ceux qui revenaient n'osaient pas raconter aux parents les sévices sexuels, corporels ou psychologiques dont ils avaient été victimes », relate l'auteur à la fin de son livre.
C'est à l'âge adulte que Michel Noël va réellement découvrir ce que ses amis d'enfance ont vécu au sein des pensionnats. Lors d'un trajet Québec-Montréal, l'auteur recevra les confidences d'un ami. « Il m'a raconté sa vie au pensionnat dans ses moindres détails pendant près de trois heures. Je connaissais les pensionnats et leur histoire. J'avais déjà rencontré des ex-pensionnaires qui m'avaient livré leurs expériences…mais là, ce qui m'était dit dépassait tout entendement », peut-on lire dans le mot de l'auteur.
« Ce sont les pages les plus sombres de l'histoire du Canada au niveau des relations humaines et des relations entre les peuples », commente Michel Noël en ajoutant qu'il y a des choses qu'il n'a pas pu dire.
C'est après des recherches approfondies que la première édition de l'œuvre a été publiée en 1998. Le contexte actuel et toutes les enquêtes mises de l'avant, notamment sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, l'ont incité à proposer de nouveau l'ouvrage, réédité et bonifié.
« Des autochtones m'ont dit que j'avais bien fait d'écrire là-dessus, d'autres m'ont dit que je n'aurais pas dû. C'est une lecture de guérison. »
Michel Noël sera à la Librairie Martin Express des Galeries Joliette le 6 octobre afin de rencontrer les lecteurs.
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