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Retour20 mars 2017
Atteinte de la maladie de Lyme… mais aux États-Unis seulement
©Photo TC Media - Caroline Morneau
TÉMOIGNAGE. Audrée Boisseau vit des épisodes de fatigue extrême depuis environ un an. Lorsqu'elle « fait une crise », elle se met à trembler et perd tous ses moyens. Le 1er mars dernier, aux États-Unis, elle a finalement reçu un diagnostic de la maladie de Lyme.
À lire aussi: 4 cas de la maladie de Lyme dans Lanaudière en 2016.
Pourtant, les examens qu'elle a passés au Québec, durant la dernière année, se sont toujours avérés négatifs. Les médecins lui auraient laissé entendre qu'il est quasiment impossible de contracter la bactérie au-delà de la frontière américaine. Des tests récemment effectués chez nos voisins du sud, néanmoins, auraient bel et bien démontré qu'elle est atteinte de la maladie.
« Aussitôt que je traverse les lignes, j'ai la maladie de Lyme, mais quand je suis au Canada, non », affirme la résidente de Notre-Dame-de-Lourdes.
La bonne nouvelle, c'est qu'elle détient maintenant un diagnostic officiel lui permettant d'amorcer des traitements. Pour y avoir recours, toutefois, elle doit se rendre aux États-Unis, car elle ne peut pas se faire prescrire d'antibiotiques au Québec.
« Ici, je n'ai pas de diagnostic et les tests passés aux États-Unis ne sont pas considérés. J'ai l'impression que les examens effectués là-bas sont plus sensibles et plus développés, parce que la maladie vient de là et qu'il y a plus de cas recensés. Au Québec, c'est comme si on faisait encore du déni que ça existe. Les tests ne sont pas à jour », estime Audrée, ajoutant qu'il y a, selon elle, beaucoup plus de gens atteints dans la province que ce que l'on croit.
« C'est certain que je ne suis pas toute seule à être passé sous le radar pendant tout ce temps. »
Au Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Lanaudière, on admet qu'un diagnostic de la maladie de Lyme est « difficile à poser » et que les tests en laboratoire ne sont pas parfaits. On assure toutefois que les protocoles en vigueur au Québec et au Canada pour le dépistage sont les mêmes que ceux appliqués aux États-Unis.
Piquée sans le savoir
Lors de notre rencontre, Audrée était très allumée, mais la fatigue était perceptible dans son regard.
« Si je suis fonctionnelle trois heures dans une journée, c'est beau. Je me sens toujours épuisée, j'ai toujours envie de dormir. C'est vraiment écrasant. »
C'est la crise qu'elle a faite le 12 mars 2016 qui lui a mis la puce à l'oreille sur ce qu'elle avait. Elle se souvient être tombée de fatigue. Puis, dans les mois qui ont suivi, les épisodes de tremblement ont commencé.
« C'est semblable à une crise d'épilepsie quand ça arrive. Je suis consciente de tout, mais je n'ai aucun contrôle sur mon corps. »
En lisant un article de journal sur la maladie de Lyme, elle a fait un lien avec des symptômes qu'elle présente depuis un moment déjà. De l'épuisement extrême, des tremblements, elle en vivait à répétition en 2016. Mais les médecins lui diagnostiquaient de la fatigue chronique. Il y a huit ans, on lui disait qu'elle souffrait de fibromyalgie et de troubles du sommeil, puisqu'elle démontrait déjà des signes de fatigue, des tendinites et des douleurs chroniques, notamment.
« Peut-être qu'on m'a toujours diagnostiqué les mauvaises choses en fait et que j'ai la maladie de Lyme depuis plusieurs années. Parce que cette maladie est une grande trompeuse. Elle peut facilement être confondue avec autre chose. »
Audrée ignore à quel moment elle aurait pu être piquée, puisque ses symptômes ont mis du temps à apparaître et qu'elle n'a jamais développé de plaques en forme de cible, soit l'élément permettant généralement de reconnaître la maladie.
« Ça pourrait être arrivé il y a trois ans, quatre ans, huit ans. Impossible d'être certaine. Tout ce que je sais, c'est que je n'avais jamais voyagé hors du pays, alors c'est certain que je me suis fait piquer ici. »
En raison de sa condition, Audrée est en arrêt de travail depuis juillet dernier. Elle ne reçoit pas d'argent du gouvernement, puisque son invalidité n'est pas reconnue. Pour la soutenir: https://www.gofundme.com/Audree. Elle fait également une vente aux enchères d'œuvres, le 27 mai, à 13 h, au 29 rue Gauthier Nord, à NDP.
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